lundi 28 avril 2014

Témoin d'un phénomène troublant

Bonjour à tous!

Je vous écris brièvement aujourd'hui car j'ai assisté à quelque chose ce matin dont je crois qui mérite d'être partagé.

Après notre assemblée du lundi matin habituelle - où nous chantons des chansons fièrement, faisons des serments et écoutons les messages d'intérêt général des professeurs - nous avions un cours de physique et devions nous rendre au laboratoire. En route, j'ai aperçu un attroupement à l'intérieur d'une autre classe de cinquième secondaire. J'ai demandé ce qu'il se passait et je me suis fait répondre qu'une fille était possédée par un fantôme. Je ne comprenais pas vraiment et je suis allée voir de plus près. Plusieurs collègues de classe retenaient la fille étendue sur le sol et celle-ci avait la tête un peu relevée, la bouche entre-ouverte et les yeux grands ouverts, vide et paniqués, fixant droit devant. Un garçon de ma classe se tenait debout près du cercle et récitait des passages du Coran harmonieusement et avec une voix puissante. Après un certain temps, la fille s'est évanouie et des élèves se sont mis à  plusieurs pour la transporter je ne sais où. 

Nous avons ensuite poursuivi notre chemin vers le laboratoire. Je posais des questions alors que les gens ne semblaient pas particulièrement surpris. Je demandais comment s'est arrivé. Ils m'ont répondu qu'elle s'est mise à devenir hystérique, s'agiter en pleurant et que les gens devaient l'immobiliser. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait et c'est également déjà arrivé à un garçon d'une autre classe. Tous les gens me disaient sérieusement qu'elle s'était fait posséder par un esprit. Je leur disais de l'envoyer à l'hôpital et ils me répondaient que ce n'était pas nécessaire, qu'ils l'apportaient probablement à la clinique de santé de l'école et qu'elle devrait redevenir correcte. 

C'est tout ce que je tenais à partager. Je n'ai pas de photo malheureusement mais j'espère que vous parvenez à vous créer une image dans votre tête. C'était très troublant pour moi, en particulier le fait de voir les autres agir normalement et ne pas en faire tout un cas, ainsi que le garçon essayant de faire sortir cette mauvaise énergie en scandant des passages en arabe du Coran...

Au revoir!

Alice


vendredi 25 avril 2014

Stress évacué

Bonjour à tous! 

Pour ceux qui avaient lu mon neuvième bilan et qui avaient pu constater le stress qui m'habitait à ce moment là, j'ai la joie de vous annoncer que tous ces questionnements et inquiétudes se sont maintenant dissipés. 

Les messages courriels envoyés par AFS Canada et moi-même n'étant pas efficaces, je me suis résignée à appeler directement au  bureau de AFS Malaisie et j'ai enfin pu parler à une responsable. La bonne nouvelle, c'est qu'ils m'autorisent à allonger mon séjour dans le pays. La mauvaise, c'est qu'ils ne m'autorisent pas à rester aussi longtemps que j'aurais voulu. Leur règle est de maximum 30 jours de plus dans le cas d'un étudiant désirant vivre plus longtemps dans le pays, et non sans avoir essayé d'argumenter, rien n'était possible et ils ne voulaient pas faire exception pour moi, alors que je désirais allonger de 37 jours. 

Je repartirai donc officiellement de la Malaisie le 9 juillet et atteindra Montréal fort probablement le 10. Il y a des bons et des mauvais côté à la chose. Premièrement, oui, je suis évidemment contente de savoir que je vais revoir mes proches et mon bien-aimé Québec une semaine plus tôt. La date approchant, je pense de plus en plus à ce moment, qui sera tout simplement magique. Aussi, 30 jours, c'est suffisant pour faire mon trois semaines d'entraînement temps-plein de badminton comme prévu. Par contre, dans les mauvais côté, il y a le fait que mon amie Gladys qui est en échange à Yellowknife ne revient en Malaisie que le 7 juillet, et ça ne me laisse donc que très peu de temps pour la revoir avec de repartir à mon tour. De plus, revenir sept jours plus tôt va m'empêcher de me planifier un voyage car j'aurais trop peu de temps.

Je suis tout de même assez satisfaite de la situation. Ça fait du bien d'avoir enfin une date, et de pouvoir s'ajuster en conséquence. Au moment où j'écris ces lignes, il me reste 74 jours avant le grand départ. C'est clair. C'est concret. Ce le sera encore plus lorsque j'aurai les billets d'avion en main.

Bon, je vous avoue que le titre de cet article est tout de même un peu biaisé. Le stress n'est évidemment pas disparu comme ça. Maintenant, je dois m'assurer d'utiliser ces dernières semaines le plus intelligemment possible afin de repartir satisfaite. Je dois jongler entre prendre du temps pour m'amuser avec mes formidables collègues AFS avant qu'ils ne repartent le 9 juin, passer du temps avec ma famille d'accueil, m'entraîner beaucoup et profiter de mes derniers instants avec mes amis malaisiens. Mes quelques plans de voyages que j'avais en tête prennent donc le bord un peu. De plus, j'ai appris dernièrement que le comité de sélection québécois des Jeux du Canada m'autorisait à participer au camp de sélection pour représenter la province en août, malgré que je ne pourrai me présenter au camp de pré-sélection qui se déroulera en mai. Participer à cet événement sportif étant mon rêve depuis environ quatre ans, vous comprendrez que m'entraîner intensément ici avant de partir devient ma priorité, mais je ne peux tout de même négliger tout le reste.

Voilà, j'ai dit ce que j'avais à dire. Je tenais à vous donner un petit suivi à ce sujet pour ceux qui attendaient la réponse avec moi après avoir lu mon bilan IX.

Merci d'avoir lu et à bientôt!

Alice





Encore une fois car un article sans photo serait monotone: Sitanan et son sandwich à la crème glacée, version Thaïlande.



mercredi 23 avril 2014

Séjour chez les orang asli - Short Term Exchange

Bonjour!

Me revoilà.

Je vous parlerai dans cet article de mon Short-Term Exchange, programme se déroulant du 14 au 28 mars permettant à tous les étudiants en immersion en Malaisie de changer de famille et de région pour une période de deux semaines afin d'expérimenter un  mode de vie différent ou découvrir de nouveaux lieux. Cette année, 5 chapitres AFS ont accepté d’accueillir des étudiants venant de partout au pays durant ces deux semaines. Les cinq choix étaient Perlis et ses villages (mauve), Terengganu et ses îles (rouge), la ville dynamique de Kuantan dans l'état de Pahang (vert), Johor le voisin de Singapour (jaune) ainsi qu'un village d'aborigènes coordonné par le chapitre de Perak (bleu). Pour vous situer, l'étoile rose est où se trouve ma famille d'accueil permanente, et moi-même par le fait même.


Chaque étudiant devait envoyer ses trois premiers choix au bureau AFS et ils plaçaient ensuite les gens. J'ai obtenu mon premier choix, mais ce n'est pas tout le monde qui a eu cette chance. J'ai donc eu l'opportunité de vivre deux semaines dans un kampung orang asli (littéralement: village de personnes natives). C'était organisé par le chapitre de Perak, mais le village se situait en fait dans l'état de Pahang, mais tout de même pas trop loin de la frontière séparant ces deux états.


Qu'est-ce que les orang asli?

Orang asli est le nom donné aux aborigènes de la Malaisie. Ce sont les premiers habitants du territoire et ils peuvent donc être comparés aux Amérindiens du Canada. Donc, bien que les Malais soient souvent considérés comme les Malaisiens de souche, ceux-ci viennent en fait de l'Indonésie (d'où la ressemblance dans les langues) et les vrais natifs sont finalement ces aborigènes. Les orang asli constituent le quatrième groupe de population en Malaisie, suivant les Malais, les Chinois et les Indiens. Par contre, ils ne représentent qu'environ 0,5% de la population totale du pays aujourd'hui.

Les orang asli sont connus pour avoir un mode de vie très reculé dans le temps, certains dépendant encore de la chasse et la pêche pour se nourrir. Ils vivent généralement en petits villages dans des milieux très ruraux, toujours dans ou à proximité de la jungle. De plus, plus de 75% de ces aborigènes vivent sous le seuil de pauvreté et plus de 35% sous le seuil de pauvreté extrême. L'espérance de vie des orang asli se situe aussi extrêmement bas, à 52 ans pour les hommes et 54 ans pour les femmes.

Vous comprendrez donc que le choix fut très facile pour moi. Vivre dans un village d'orang asli n'est pas une chance qui se fait offrir deux fois, alors que j'ai toute ma vie pour explorer Terengganu, Kuantan, Johor Bharu ou Perlis si je le désire. J'ai donc fait mes valises et je suis partie explorer ce mode de vie rustique!


En route vers l'aventure

Avec Hannah de la Suisse.
Le vendredi 14 mars, nous devions nous rendre à notre meeting point habituel à 8h. Nous nous sommes donc retrouvés, tous les étudiants habitant aux alentours, au KFC de KL Sentral pour être ensuite séparés dans nos destinations respectives. J'ai ensuite pris un train à 9h, accompagnée par trois amies de la France, de la Suisse et des États-Unis qui se rendaient elles aussi au village d'aborigènes pour leur Short-Term Exchange. Nous avons donc patienté pendant notre 2h30 de train nous menant à Ipoh, la capitale de l'état de Perak.


Arrivant à Ipoh, nous avons contacté le président de ce chapitre pour lui avertir et, fidèle à son habitude, il nous a fait attendre près de trois heures dans la station de train avant de finalement passer nous chercher. C'était long longtemps, mais j'ai été habituée à attendre depuis que je suis en Malaisie, donc ça va. Dans la vanne, il y avait déjà quelques autres jeunes AFS. Nous sommes allés en chercher quelques uns de plus et avons pris la route qui allait nous mener dans les hautes terres, puisque le village se trouve à proximité de Cameron Highlands. Plus de deux heures dans les courbes incessantes au milieu de la jungle. J'avais déjà pris cette route lorsque j'étais allée visiter Cameron Highlands avec la famille de Gladys durant le nouvel an chinois.

Quelque part dans la route menant au village, la vanne a dû s'arrêter par peur de ne pas être capable de remonter la côte abrupte au retour. Nous avons donc marché quelques centaines de mètres pour y arriver, avec une belle vue d'ensemble de notre futur lieu de résidence et des plantations de thé environnantes comme accueil. Nos valises ont tout de même eux un lift dans la voiture d'un aborigène.
J'étais beaucoup trop excitée de finalement découvrir le village! Ma pose est un peu étrange, pardonnez-moi.

Arrivés dans le village, nous avons tout de suite été accueillis par des dizaines d'enfants de tout âge et quelques adultes qui nous regardaient avec questionnement. Il n'est pas rare qu'il y ait des touristes de passage venant prendre quelques photos, mais un groupe de 15 étudiants arrivant avec des valises pour s'installer était une première. Je crois qu'ils n'avaient même pas été avertis de notre arrivée, mais au bout de peu de temps, le chef du village a trouvé des familles pour accueillir chacun de nous, individuellement ou en groupes de deux. J'ai été la première à être placée et j'ai pu choisir une amie pour être avec moi, mais non sans avoir pris quelques photos avec des orang asli en premier temps. 

Traduction: Colonie de natifs, village de la Rivière Tubercule

Impossible d'avoir une photo avec tout le monde qui regarde...

Celle-ci est un peu mieux!

Un peu plus haut dans le village.

Ma famille d'accueil temporaire


La maison.
Après avoir pris quelques photos et discuté un peu avec les gens, nous avons été séparés dans nos familles d'accueil respectives. Lorsqu'ils m'ont offert d'apporter une amie avec moi, j'ai tout de suite invité mon amie française Anna à me joindre. Nos valises et nous avons donc suivi notre mère d'accueil dans la côte menant à sa maison. Comme vous pouvez le voir, nous étions dans un village plutôt moderne pour des orang asli. Le gouvernement a fait construire plusieurs maisons comme celle-ci en 2005 afin d'aider ces aborigènes à sortir un peu de la misère. La plupart des gens du village ont donc accès à de l'électricité et de l'eau courante.

Lorsque nous avons rencontré notre mère d'accueil, une des premières choses qu'elle m'a dit était qu'elle n'avait que 20 ans et que nous pouvions donc l'appeler kakak (grande sœur). Elle portait alors un bébé accroché sur son ventre à l'aide d'un kain batik, espèce de tissu rectangle qui a été cousu de façon à faire comme un large tube, et qui est généralement installé en jupe autour de la taille (photo plus loin). Plus tard, nous avons rencontré le reste de la famille. Notre mère d'accueil, Rosi, vit avec son copain, qui a 21 ans, leur petit garçon de 1 an ainsi que ses deux sœurs de 17 et 19 ans. Les parents des trois filles sont décédés lorsque la plus vieille n'avait que 14-15 ans. Les décès prématurés ne se font pas rares chez les orang asli. Une tante les ont ensuite un peu aidées par la suite mais dès 18 ans, Rosi s'est mariée et a pris la tête de la famille. Pareillement, les mariages prématurés sont aussi très fréquents.

Je voulais prendre une photo avec toute la famille avant de repartir mais j'ai malheureusement complètement oublié... Je n'ai donc aucune photo avec les deux plus jeunes sœurs.Voici donc la photo de famille la plus complète que j'aie, avec le jeune couple et leur petit garçon Risky, lors de notre premier repas:

On voit sur la mère le kain batik avec lequel elle transportait Risky.

Pour subvenir aux besoins de la famille, le père travaille en ville dans un hôtel et la sœur de 19 ans travaille aussi quelque part où elle fait du ménage. La mère reste à la maison où elle cuisine, lave les vêtements et s'occupe du petit garçon. La plus jeune fille, celle de 17 ans, va quant à elle à l'école, en form 5. Un autobus scolaire prend les orang asli au croisement entre la route principale et le petit chemin courbe et montagneux qui leur permette d'atteindre le village. Le matin, l'étudiante a la chance d'avoir son beau-frère pour la transporter jusqu'au chemin en moto mais certains autres enfants du village doivent marcher près d'une heure à tous les matins pour atteindre l'arrêt d'autobus. Ils doivent donc partir vers 6h, et subissent la même longue marche au retour de l'école.

Notre maison

Comme les deux métiers à salaire minimum de la famille ne rapportent pas beaucoup d'argent, ils ne peuvent évidemment pas se payer du luxe. Ils ont tout de même une petite télé, avec Astro, et se sont commandé une laveuse (qui n'était pas encore arrivée). Par contre, les meubles se font rares. Peu d'orang asli ont les sous nécessaires pour se permettre un divan, une table ou bien un lit.

La cuisine. Sur le plancher, ce sont des biens essentiels qu'AFS offrait aux familles qui nous accueillaient.
Rosi, Risky et moi dans le salon.
La chambre que nous partagions avec les deux plus jeunes sœurs.
Moi qui lave du linge dans la salle de bain.

Parlant de salle de bain, vous devez vous douter que les mesures d'hygiène chez les orang asli sont loin de nos confortables toilettes et bonnes douches chaudes. Premièrement, nous devions uriner à l'endroit ou je me trouve. Nous pouvions ensuite envoyer de l'eau pour que ça coule jusqu'au fond, où il y a un mini trou d'environ 5 cm de diamètre. Après la tâche, nous nous nettoyons la partie avec de l'eau que nous prenons dans le gros bac avec un plus petit bac de plastique qui a un manche (aucune idée comment appeler ça). Ils n'utilisent pas de papier de toilette et se rhabille comme ça, un peu humide. Deuxièmement, pour se laver, nous utilisons encore une fois le bac, qu'on peut remplir avec un robinet. L'eau est glaciale, mais j'ai rapidement demandé si on pouvait se faire bouillir un peu d'eau pour se laver et ce ne fut donc pas si pénible. Par contre, j'ai demandé aux aborigènes pourquoi ils ne se réchauffaient pas de l'eau pour se laver et ils disaient qu'ils aiment l'eau froide, qu'ils sont habitués comme ça et que s'ils prennent de l'eau chaude ils vont avoir chaud en sortant... Difficile à comprendre. Finalement, pour le gros besoin, nous sommes supposés le faire à la rivière. Il y a aussi certaines personnes qui se lavent dans la rivière car ils n'ont pas tous de l'eau dans les maisons... Quoi de mieux que de se laver juste un peu plus bas dans la même rivière où les gens font leurs besoins! Enfin bref, j'ai vite découvert qu'il y avait des toilettes squat à l'arrière du hall et j'ai donc évité la rivière. La marche jusqu'en bas de la côte pour se rendre au hall pouvait tout de même être assez pénible lorsque l'envie ne se fait pas attendre..!


Que fait-on pendant deux semaines au Kampung Sungai Ubi?

Outre laver notre linge et aider un peu notre famille à cuisiner, nous devions bien évidemment nous trouver des activités à faire pour passer le temps pendant ces deux semaines. Voici quelques passes-temps que nous avions.

Tea Shop

Dès notre deuxième jour au village, des enfants nous ont apportés découvrir le magasin de thé. Une marche d'environ trente minutes au cœur des plantations de thé nous est nécessaire pour atteindre le magasin. En route, j'ai ressenti quelque chose de familier et je me suis rendue compte qu'un des deux tea shops que nous pouvions voir en haut des plantations était en fait le même endroit touristique auquel j'étais allée en début février lorsque j'avais visité Cameron Highlands avec la famille de Gladys qui m'accueillait pour le nouvel an chinois. C'était un sentiment tellement étrange parce que la première fois que je m'y étais rendue, je n'avais aucune idée qu'il y avait un village d'aborigènes non-loin de là un peu à droite car il est caché par des collines. Et là, j'étais au même endroit depuis la veille sans le savoir, me pensant au milieu de nulle part ou je ne sais où.

Photo que j'avais prise en début février, vue du tea shop.
Le tea shop, au moment auquel j'ai reconnu où j'étais finalement.
Je ne suis pas retournée à ce magasin de thé par contre car il y en a un autre plus près où nous allions avec les orang asli. Ils sont en fait séparés que de quelques centaines de mètre sur la route qui longe les plantations. Au magasin, nous pouvions acheter des souvenirs de l'endroit, du thé, ou bien de la nourriture hors de prix au petit resto si nous en ressentions l'envie. Ok, les prix seraient considérés comme normaux pour vous, mais c'est cher pour le niveau de vie des Malaisiens. C'est un endroit touristique alors ils peuvent se le permettre.

Il y avait aussi une petite chute en bas du magasin de thé où nous allions passer quelque temps. Nous sommes retournés au tea shop et à la chute à plusieurs reprises, la plupart du temps suivis par de charmants enfants enthousiastes.

En route vers le tea shop, qui a un toit vert au milieu gauche de la photo.

Dans le chemin à côté du tea shop, avec deux orang asli de 15 ans.

À la petite chute, entourés d'enfants!

L'eau était froide.

Avec Chiara, Italie et Julie, États-Unis.


La piscine secrète

Lors de mon troisième jour au village, mon amie américaine m'aura permis de découvrir un endroit qui aura changé tout le reste de mon séjour: si nous descendons plus loin dans la rivière, après une petite courbe, nous tombons sur une belle piscine naturelle! J'y suis retournée à plusieurs reprises avec d'autres étudiants, soit à la course pour quand même faire un petit peu de sport, ou bien à la marche. Nous étions aussi souvent suivis par des enfants évidemment, mais on ne peut leur en vouloir, c'est tout de même grâce à eux que nous avons découvert l'endroit.

Notre coin baignade est caché derrière mon amie Julie.

Vue d'ensemble de notre coin baignade.

Vue de plus près, et plus bas.

J'en profitais pour une dernière fois, avant de repartir le lendemain.

Avec les enfants tous-nus!

Assise dans ce que j'appelais notre spa, parce qu'une mini-chute créait dans bulles.
**Fait intéressant: Certaines familles d'accueil interdisaient strictement à leurs enfants et enfants d'accueil à se rendre près de la rivière. C'est parce qu'il y a quelques années, une femme du village à accouché de ses jumeaux dans la rivière et ça a résulté à la mort de celle-ci ainsi qu'un des bébés. Nous pouvions voir le survivant, un jeune garçon, vivre dans le village. La rivière serait ainsi hantée par l'esprit de la femme.

Randonnée en forêt

Par deux reprises, j'ai eu la chance (ou la malchance) de suivre un groupe d'étudiants pour une randonnée en forêt accompagnés d'un guide du village.

La première fois fut très plaisante, bien qu'épuisante. Nous suivions le père d'accueil de Hannah de la Suisse ainsi que quelques autres aborigènes. Il ne nous avait pas avertis de la durée et de la difficulté de l'expédition et nous avons donc été surpris par une longue marche de 4 heures dans les montagnes. C'était tout de même très intéressant car notre guide connait très bien la forêt et nous informait sur les différentes plantes et leurs usages, quelles plantes nous devions éviter pour ne pas attraper de maladie, etc. Ils avaient aussi apporté le traditionnel sarbacane (traduction française de blow-pipe) en espérant tomber sur des oiseaux à tirer. Le cas échéant, ils installeraient une fléchette empoisonnée dans le tube et soufflerait en direction de l'animal pour le tuer. Malheureusement, nous n'avons pas eu l'opportunité d'assister à cela parce qu'aucun oiseau ne se retrouva sur notre chemin. Nous avons aussi appris qu'il est déjà arrivé que des humains meurent à la suite d'un contact avec le poison contenu dans les dards. Les volontaires pour porter le contenant des dards se faisaient donc assez timides...

Notre guide et son sarbacane.

L'intérieur du tronc d'une plante. Les petits morceaux blancs se mangent.

Avec ma colloque française Anna.

Il y avait quelques obstacles pour rendre le tout plus excitant!

Arrivés au sommet, nous avions droit à un air découvert de repos et une belle vue.

Sur le chemin du retour, nous pouvions observer la petite ville (Tanah Rata).

Ainsi que la distance parcourue depuis le village, qui se trouve au creux à droite dans les plantations de thé.

Quelques jours plus tard, nous nous sommes fait offert une autre randonnée par le grand frère d'accueil de Lotte (Belgique). Nous avons demandé combien de temps ça prendrait et lui de répondre environ une heure. Erreur. Mauvais guide. Après près d'une heure de marche à suivre la route des fermes, nous étions à peine arrivés à l'entrée du bois. C'était exactement le chemin contraire que nous avions pris la dernière fois. Nous avions donc une décision à prendre entre refaire le même chemin que la dernière fois en sens contraire (ce qui ne m'enchantait pas du tout), rebrousser chemin (je déteste revenir sur mes pas) ou bien revenir par la ville. Je croyais que par ville, il voulait dire piquer vers la grande route et revenir par le tea shop, mais j'ai fait erreur... Son estimation de temps n'était encore pas très généreuse et nous avons donc choisi, à pile ou face, ce dernier chemin. Notre guide semblait plusieurs fois perdu et parfois nous devions attendre qu'il aille voir plus loin pour savoir quelle chemin nous allions suivre. Au bout du compte, après quelque chose comme 4 ou 5 heures de marche, nous avons abouti quelque part. Un terrain en construction, qui nous mena ensuite vers une rue. Nous avions atteint Tanah Rata, une petite ville très touristique puisque c'est près de Cameron Highlands. Il approchait alors 4h de l'après-midi, et j'ai donc suggéré que nous prenions le bus jusqu'au tea shop, qui partirait à 5h. Je précise que nous n'avions pas encore pris notre lunch à ce moment-là, alors après 4 ou 5 heures de marche dans des chemins difficiles en montagne sans eau ni nourriture, vous pouvez imaginer que nous étions vraiment épuisés. Nous avons fini le tout avec notre marche habituelle du tea shop au village. Je me sentais comme retourner à la maison après un long voyage, les plantations de thé étant devenu notre paysage quotidien. J'étais contente de les revoir.

Très belle vue dans la route des fermes.

Notre guide.

Au moment où on commençait à douter des connaissances de notre guide...

C'est quoi ce truc qu'il nous demande d'escalader?

Ça menait à ce terrain en construction.

Finalement sortie du bois! Avec les fesses sales d'être tombée.

Au retour, épuisée mais accomplie, accueillie par les magnifiques champs de thé.

Explorer la rivière

Par deux fois, je me suis permise d'aller explorer la rivière près du village. La première fois pour découvrir notre toilette (que je n'ai finalement pas utilisée) et la deuxième fois pour aller observer une petite chute, accompagnée par deux amies et trois garçons orang asli. C'était très beau et agréable de longer la rivière, au cœur de la jungle.

La fois où la petite fille ma expliqué que des gens se lavaient ici et on faisait caca plus loin.

Avec Julie, États-Unis.

Juste parce que je trouve ça très beau.

On arrive à la chute.

Chute très modeste finalement.

Anna la Française qui se mouille.

Grimper dans les plantations

Lors de l'une de mes dernières journées au village, 5 autres étudiants, moi et un chien avons grimpé sur la colline se trouvant derrière la plus vieille partie du village (les maisons en bois) afin de s'offrir une belle vue et gâter un peu notre caméra.

La vieille section du village et une partie de la colline que nous avons montée à l'arrière.

Lorsque je monte la colline. De charmants tourtereaux à l'arrière.

Vue panoramique du village.

Les plantations montagneuses avec le chemin menant à la chute et au magasin de thé.

Vue panoramique d'ensemble, et un orignal qui passait par là.


Aller à Tanah Rata + Célébrer ma fête

Je n'ai pas arrêté de mentionner dès notre arrivée au village que ce serait vraiment formidable de faire un feu de camp et de se griller des saucisses et des guimauves un jour. Être dans la nature avec cette température fraîche des hautes terres me rappelait le camping, mais il ne manquait que le feu de camp. C'était quand même compliqué car la grande majorité des familles ne s'autorisent pas à marcher à l'extérieur après le coucher du soleil, effrayés par les chiens et par les fantômes pour certains. Par contre, Anna a trouvé l'idée parfaite! Elle a pensé que nous pourrions demander pour dormir dans l'église en expliquant notre envie de faire un feu de camp et en insistant sur le fait que c'était pour souligner ma fête, qui était le 21 mars pour ceux qui ne le savent pas. Comme elle ne parle pas du tout malais, c'est Hannah (Suisse) et moi qui ont été envoyées au chef du village pour faire la demande, qui a été acceptée!

Le vendredi 21 mars, nous nous sommes donc rendues, Anna (France), Julie (États-Unis) et moi à Tanah Rata afin d'acheter les aliments. Nous y étions déjà allés quelques fois et nous y sommes retournés par la suite aussi, c'était donc une autre façon d'occuper nos deux semaines. Chaque étudiant devait contribuer 5 Ringgits (moins de 2 dollars) pour le feu de camp. Nous avons acheté des saucisses, des guimauves, du pain, du ketchup, des petits gâteaux et des breuvages. Nous avons ensuite célébré le lendemain, un jour en retard, mais c'était super plaisant! C'était la première vraie veillée que je faisais depuis que je suis en Malaisie, et j'étais d'autant plus contente d'avoir au moins un petit quelque chose pour souligner ma fête de 18 ans. J'ai aussi eu droit à la fameuse chanson d'anniversaire dans toutes les langues pas possibles!

Tanah Rata. Vous les voyez pas mais il y a pleins de blancs partout.

On se gâte au Starbucks pour avoir accès au Wifi.

Un Américain pasteur qui vit en Malaisie depuis 7 ans et est allé en prison 4 fois. Belle rencontre!

Une autre fois où nous étions allés environ 10 étudiants à Tanah Rata dans un truck!

Notre magnifique feu et ses délicieux hot-dogs en préparation.

La seule photo où on me voit un peu... ouin.

Apprendre à apprécier ce qu'on a

Outre passer du bon temps avec mes camarades AFS, j'ai aussi passé beaucoup de temps à discuter avec les gens du village afin d'en découvrir plus sur leur vie. Ce n'est pas tout le monde qui avait cette opportunité car les orang asli ne peuvent généralement pas parler anglais, et peu d'étudiants AFS peuvent parler bien le malais, même après plusieurs mois, certains étant dans des familles chinoises ou indiennes, des écoles plus variées ou pouvant simplement se débrouiller presque partout avec l'anglais. Dans le village où nous étions, les aborigènes parlent leur propre langue entre eux - le semai - mais la majorité peut communiquer en malais car ils apprennent la langue à l'école.

En discutant avec ces gens, j'ai pu découvrir à quel point leur vie n'est pas toujours facile. En posant des questions à ma mère d'accueil temporaire, celle qui a perdu ces parents à l'âge de 14-15 ans on se le rappelle, j'ai pu constater que leur niveau de vie s'est tout de même grandement amélioré durant les dernières années, bien qu'encore très modeste. En 2005, le gouvernement a construit des dizaines de maisons dans le village avec les besoins essentiels comme de l'eau courante venant de la rivière et de l'électricité. Ils ont aussi construit une route menant au village. Cela veut donc dire que cette jeune mère a vécu jusqu'à l'âge de 12 ans à la lueur des chandelles, à faire des feux pour cuisiner les repas, à rapidement manger la viande lorsqu'il y en avait car aucun moyen de la conserver, à faire la lessive, se laver et faire ses besoins à la rivière, et à marcher au moins 30 minutes dans les plantations de thé pour atteindre la route. Je n'ose même pas imaginer comme ce devait être difficile.

J'ai aussi discuté une fois avec deux jeunes filles de 15 ans, celles que vous avez vu dans une photo avec moi plus tôt. L'une d'entre elle doit partir de la maison à 6 heure le matin pour marcher 1 heure jusqu'à l'arrêt d'autobus qui la mènera à l'école, et refaire le même trajet au retour. La deuxième fait le trajet seulement pour le retour. J'ai eu une petite conversation avec cette dernière que j'aimerais partager, débutant avec une question de sa part:
-Est-ce que ça t’arrive de te sentir triste?
-(après un court silence) Oui, des fois.
-Qu'est-ce qui te fait te sentir triste?
-Des fois de m'ennuie de la maison, de mon pays. 
-...
-Et toi?
-Oui. Quand je suis triste c'est quand je pense à ma famille qui est pauvre. Ça m'arrive de pleurer à l'école.
Je me suis automatiquement sentie triste, parce que ça m'a fait réaliser à quel point on pouvait s'en faire pour un rien des fois dans la vie, alors qu'il y a des gens qui vivent des choses tellement plus difficiles. Moi, je peux me sentir triste un peu parce que je m'ennuie de ma famille, alors qu'au fond je suis tellement chanceuse de vivre l'expérience que je vis et que je vais les revoir dans quelque temps, ils sont là, vivants et en santé. Pendant ce temps, certains gens traversent des problèmes tellement plus difficiles, et ont bien des soucis plus importants que les miens. Cette jeune fille vit dans son charmant monde rustique avec ses semblables, mais à tous les jours, à l'école, la réalité lui rentre dedans lorsqu'elle entend des camarades de classe rouspéter parce que leurs parents ont annulé le voyage à Singapour, ses amis qui sont aisés financièrement et qui n'oseraient jamais aller la visiter chez elle par peur d'entrer dans ce village reculé dans le temps, cette élève qui a toujours son iPad avec elle ou bien ce garçon qui se pait toujours des gros lunchs avec les aliments les plus chers de la cantine.

À une autre occasion, j'ai été adoptée par une charmante et souriante petite fille qui m'avait présenté la rivière. J'avais appris qu'elle n'avait pas mangé depuis le matin et n'avait rien non plus à manger pour dîner. Elle m'avait ensuite suivie dans une maison où j'avais été invitée à enseigner l'anglais à des enfants, et lorsque la mère de ceux-ci m'a offert des morceaux de farine à l'oignon fris, j'ai évidemment insisté pour qu'elle en offre également à la petite. La même chose est arrivé avec des petites collations emballées, alors que l'adulte m'en offrait à moi sans ne se soucier de la petite fille affamée. Elle a fini par en avoir aussi, heureusement, mais j'ai fait bien attention de ne pas finir ma nourriture et lui donner mes restes lorsque la mère ne regardait pas. Cette jeune fille de 8 ans m'avait, une autre journée, aidé à laver mes vêtements parce qu'elle ne me trouvait pas efficace... Je trouvais ça triste, bien qu'elle me mentionnait qu'elle aimait bien laver du linge, qu'une enfant aussi jeune doit se soucier de choses comme celle-là, alors qu'elle devrait simplement jouer et conserver sa naïveté d'enfant.

C'était parfois difficile de constater la malchance de ces gens, mais ils furent tout de même tous très accueillants et la plupart gardait leur sourire. Ils semblaient heureux de nous offrir du thé ou du café à tout moment, avec le peu de moyens qu'ils avaient. Ils nous ouvraient les portes de leur maison et ne nous demandaient rien en retour. Leur situation ne les empêchait pas de garder une très grande générosité.

Au centre, la petite fille qui m'aimait bien. Les enfants blanchissent leurs souliers d'école.

À la maison où je tentais d'enseigner un peu l'anglais. Je porte un Batik.

Faits divers

Il y a quelques faits que j'aimerais mentionner mais dont je n'arrive pas à insérer proprement dans un sous-titre, donc je vais simplement les énumérer ici. Je sais, l'article commence à se faire long, je suis désolée.

La nourriture: Les repas des orang asli sont principalement composés de riz, d'anchois, de poissons salés frits, de chou et de sambal (mixture épicée faite à base de chili). Il peut arriver qu'il y ait du poulet ou des œufs également. Parfois, ils se font aussi des nouilles Maggie, quelque chose de très connu et populaire ici, qui est la version malaisienne des Ramen. Quelques fois, ils peuvent aussi créer un mélange avec de l'eau, de la farine, des oignons, des épices et probablement des œufs qu'ils font frire en petite boules dans l'huile. Côté breuvage, ce sera toujours du thé, du café ou du milo (espèce de lait au chocolat moins bon), qui sera accompagné de craquelins que l'on trempe dans la boisson. Ce sera toujours abusivement sucré, mais moi j'aime ça comme ça.

J'ai pris en note tous les repas que je mangeais pendant mon séjour, et au total, en 14 jours, j'ai mangé 22 fois du riz. Pour m'offrir une pause une fois, j'ai offert de cuisiner du macaroni à la famille, et ce fut tellement rassasiant. J'ai aussi été invitée à la maison de mon amie Julie lorsque celle-ci a cuisiné du spaghetti.  Je pense que je n'ai jamais autant apprécié manger des pâtes qu'à ce moment-là.

Notre premier repas. Nous pouvons voir du riz, des anchois, du poisson frit, du poulet, du choux et du thé.

Le dernier soir, nous avons fait un BBQ à notre maison et invité tout le monde.

 La composition du village: Les gens du village forment une grande famille. Ce sont tous - à l'exception des conjoints - des cousins, grands-oncles, petites-petites-nièces, etc., d'où la petite population. Dans le village, il y a une église et une mosquée. Malgré qu'ils ont presque tous le même sang, les religions varient entre l'islam, le christianisme et la libre pensée. C'est parce que plusieurs familles ont choisi de se convertir. Par exemple, ma famille d'accueil s'est convertie à l'Islam il y a quelques années, mais le voisin (son oncle) est chrétien et le deuxième voisin n'a pas de religion. Certains conservent quand même quelques croyances plus traditionnelles.

La température:  Étant dans une région haute en altitude, la température était beaucoup plus fraîche que celle dont j'ai été habituée en Malaisie. Durant le jour, il faisait généralement autour de 27°C alors que la température baissait autour de 18°C la nuit. Le soir, nous étions confortables avec des pantalons longs et un coton ouaté alors que le jour, nous pouvions nous permettre de s'habiller en court. Je peux vous dire que ça faisait très différent de mon habituel 33°C de Kuala Lumpur et ses environs, où je dois alors porter des pantalons longs en plus! Outre les 4 ou 5 premiers jours où il n'a pas arrêté de pleuvoir, la météo était simplement parfaite. J'étais tellement bien. Relaxe, sans stress, dans la nature avec de l'air frais et des milliers d'étoiles visibles dans le ciel.




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Voilà, mon résumé de mon séjour chez les orang asli est terminé. Cette expérience était tellement formidable. J'ai passé du très bon temps et j'en ai appris plus sur cette minorité aborigène qui m'intriguait tant. J'ai tout de même apprécié mon retour à la maison après deux semaines, accueillie par mon lit douillet, une toilette et une douche avec chauffe-eau.

Je suis sincèrement très désolée de la longueur abusive de cet article. Si vous vous êtes rendus jusque ici, je vous lève mon chapeau! C'est assez difficile de synthétiser 14 jours dans un petit format et mes profs de français vous le diront que je suis nulle pour couper dans mes textes. Ce post contient plus de 5000 mots. Il faut dire que ça doit faire trois semaines qu'il est en mode brouillon et que j'y travaille un peu une fois de temps en temps... Je suis désolée de ne pas avoir fait ça en deux parties.

Enfin bref, je vais arrêter de rendre ça encore plus long et couper ici.

À bientôt!

Alice