jeudi 28 novembre 2013

Insouciance environnemental de la Malaisie

Depuis que je suis toute jeune que ma famille m'a enseignée à respecter et à protéger notre planète. Depuis des années que les médias et que les scientifiques nous parlent du réchauffement climatique, des gaz à effet de serre, des eaux polluées, des catastrophes naturelles dont la puissance augmente anormalement et de la fonte alarmante des glaces, tous causés par la surconsommation et l'insouciance humaine. J'ai appris depuis enfant à porter des gestes simples au quotidien pour aider à la sauvegarde et à la propreté de l'environnement: jeter les matières recyclables dans le bac à récupération, utiliser des sacs réutilisables pour mes achats, éviter de prendre pour emporter si ce n'est pas nécessaire, faire du covoiturage, etc. De petites actions toutes simples, à porté de tous.

Tout de même, au Québec, j'ai vécu de nombreuses frustrations et beaucoup de découragement face à l'absence d'esprit écologique humaine. J'ai été témoin d'amis qui jetaient leur verre à Slush par terre dans la ruelle alors qu'il y avait une grosse poubelle à 5 mètres de distance. Ou mieux, un bac de récupération était également accessible. J'ai eu droit à des rires lorsque je leur conseillais amicalement de bien vouloir jeter leur slush dans un endroit approprié. Puis un regard de mépris lorsque je me suis vu ramasser le déchet moi-même face à leur refus. J'ai aussi méprisé les familles qui ont toujours des grosses caisses de bouteilles d'eau accessibles à la maison, alors qu'il serait si facile d'utiliser une belle gourde réutilisable et d'utiliser le robinet, nous qui avons cette chance d'avoir de l'eau potable. J'ai aussi été déçue de constater que la cafétéria de l'école sert la nourriture dans des assiettes de styromousse et nous offre des ustensiles en plastique. J'ai aussi regretté le manque de bacs à récupération disponibles dans ce même endroit, mais surtout la stupidité des jeunes qui jettent leur canette dans la poubelle alors qu'il y a un bac pour récupérer les canettes un peu plus loin. Parce que marcher quelques mètres de plus, ça n'a jamais tué personne. J'ai aussi été déçue de voir qu'autant de gens n'apportent pas leurs sacs à l'épicerie, ayant été caissière. Mais je l'ai été encore plus lorsqu'un client me demandait un sac pour son sac de chip. Je n'ai aussi toujours pas compris pourquoi il n'y a pas de bac de récupération à la Scène Évolu-Son, avec la quantité phénoménale de papiers qu'on doit jeter à la fin de chaque match d'impro. J'ai aussi été dégoûtée de nombreuses fois en observant tous les déchets sur le bord de notre belle piste cyclable, dans les rues en ville et encore plus dans les cours d'école.

Niveau environnemental, ma foi en l'humanité se situait déjà assez bas. Mais il y avait beaucoup de gens pour me permettre de garder espoir: ma prof d'histoire de secondaire 2 qui se rendait à tous les jours à l'école à pieds ou en autobus de ville malgré les 4 kilomètres la séparant de son lieu de travail et le fait qu'elle possède une voiture, mon amie d'enfance qui s'arrête sur le trottoir pour ramasser un déchet qui ne lui appartient pas et le jeter un peu plus loin dans une poubelle (Clara, je parle de toi), mon père qui prend soin de son composte à merveille et ma belle-mère qui nous chicane si on oublie et qu'on jette notre pelure de banane dans la poubelle, ce client qui allait toujours à l'épicerie en vélo et qui s'apportait un gros sac à dos pour rapporter ses aliments, la dame qui nettoie la cafétéria qui passait à tous les jours de table en table ramasser les canettes pour s'assurer qu'elles aillent bien dans le bac pour objets consignés et qui en ramassait même quelques-unes dans la poubelle, le vieil homme qui avait passé dans le journal parce qu'il avait passé des après-midi à ramasser tous les déchets sur le bord du Lac Osisko sans que personne ne lui ait rien demandé, et plusieurs autres. J'avais donc quand même un peu espoir que peut-être les gens allaient changer et faire quelque chose pour arrêter le scandale qui s'en vient, puisque j'étais aussi témoin de beaucoup de personnes soucieuces de l'environnement et qui font de réels efforts quotidiennement. 

Et puis il y a eu cette immersion. Je ne m'étais pas du tout préparé à ça. Mon plus gros choc culturel, après la nourriture, fut sans doute le recul environnemental de la Malaisie. J'ai été tellement choquée par tout ce que je voyais que oui, je l'avoue, il m'est arrivé d'en pleurer, ou du moins d'avoir les yeux pleins d'eau et d'essayer de me contenir parce que j'étais en public. Cette insouciance additionnée à l'omniprésence de la religion pourrait me donner l'impression, en plus d'avoir changé de pays, d'avoir fait un saut dans le temps. Mais non, nous sommes bien en 2013. Beaucoup de gens ont des téléphones intelligents, la majorité de la population a accès à internet, même les plus pauvres ont au moins une télévision pour écouter les nouvelles et les gens sont autant connectés au monde que nous le sommes. L'information devrait donc s'être rendue pourtant. Avec une température moyenne annuelle le jour de 32°C, il me semble qu'ils devraient être les premiers à se soucier du réchauffement climatique. Les plus grands scientifiques envoient des cris d'alerte partout dans le monde, l'Antarctique et l'Arctique qui fondent à une vitesse dangereuse, la température des océans qui ne cesse d'augmenter, le seuil de non-retour disant que nous devons éviter que l'augmentation de la température moyenne mondiale du 21e siècle atteigne les 2 degrés car il serait alors trop tard, etc. Avec l'accès à toutes les technologies, les Malaisiens devraient au moins en avoir entendu parler il me semble.

Mon initiation au recul environnemental de la Malaisie s'est effectué durant ma première journée dans la maison qui est maintenant devenue mon chez-moi. J'étais en train de vider mes bagages et de m'installer et, je ne me souviens plus c'était quoi exactement, mais j'avais un carton de quelque chose à me débarrasser. J'ai donc demandé à un membre de la famille s'il y avait de la récupération. La réponse fut négative: pas de récupération par ici. J'ai donc dû jeter le carton à la poubelle, geste que je trouve dégueulasse et qui me fait me sentir sale à chaque fois que je m'y vois obligée.

Un autre facteur de pollution qui est très important en Malaisie est l'émission de gaz à effet de serre causé par les véhicules. Ici, c'est comme s'il n'y avait qu'un seul moyen de transport: la voiture (et la moto). Les routes dans la plupart des villes de laissent aucune place pour les piétons ou les cyclistes, et il est donc très rare d'en voir. De plus, les transports en commun, exceptés à Kuala Lumpur, ne sont que très peu présents et pas toujours très pratiques. Et les gens n'aiment pas les utiliser. Même pour l'école, il n'y a pas de système d'autobus scolaires. Il y a bien quelques travailleurs indépendants qui se créent une vanne pour écoliers ou un petit autobus, mais ces services sont très dispendieux et ne sont pas disponibles dans tous les quartiers. Résultat: 95% des élèves vont à l'école en voiture, soit avec un parent, un grand frère ou autre. Ça crée un beau bouchon en avant de l'école à tous les matins et à tous les fins de cours. De plus, le covoiturage ne semble pas très populaire par ici. Les gens ne se posent pas de question, s'ils veulent aller quelque part, ils prennent la voiture, c'est tout. Il y a beaucoup de trafique. 




Mais le plus stupide... ILS CHAUFFENT LEUR CHAR. Ils attendent de 5 à 15 minutes avant de rouler car il faut supposément réchauffer le moteur. Au début, je croyais que c'était peut-être pour attendre que l'air climatisé fasse effet. J'ai constaté assez vite que ce n'était pas la raison, car il arrive qu'ils attendent dans la voiture, qui est en marche, avant de commencer à rouler. Et ils font ça aussi le soir, alors que la température extérieur est très confortable et que l'air climatisé n'est pas indispensable. Donc non, ce n'est pas pour refroidir l'intérieur de la voiture comme je le pensais au départ, mais bien pour réchauffer le moteur. Au Québec, durant l'hiver, lorsqu'il fait -30°C dehors, je peux comprendre, oui, que tu peux vouloir réchauffer le moteur. Mais en Malaisie, alors que la température se situe autour de 32°C le jour et autour de 25°C le soir, je crois que ce n'est pas nécessaire! Il m'arrive souvent de faire du jogging dans mon petit quartier le soir et de voir une voiture en marche. Je me dis bon, ok, il s'en va quelque part. Lorsque 3 allers-retours plus tard (1,5 km), je repasse devant la maison et que la voiture est encore immobile et en marche, ma sérénité du moment a tendance à laisser place à des insultes mentales et à du mépris à l’intention du conducteur. En plus de ça, les gens n'éteignent pas leur moteur lorsqu'ils arrêtent au dépanneur, ou lorsqu'ils attendent leur enfant à la sortie de l'école.

Mais le plus frappant: LES SACS. Chose qui m'est arrivée aujourd'hui: je suis allée à un dépanneur avec ma sœur d'accueil afin d'acheter les ingrédients qui manquaient pour faire mon macaroni et mes muffins choco-banane (tous deux furent délicieux, soit dit en passant) et j'ai apporté un sac réutilisable, comme je le fais toujours. Arrivée à la caisse, je donne le sac au caissier et je lui dit, dans un malais fort compréhensible: «Utilise ce sac.» Il me regarde avec un air d'incompréhension, prend le sac et le déplace tranquillement vers le bas du comptoir (voulait-il le jeter? Je ne le saurai jamais). Je lui prends donc des mains, déplie le sac pour lui montrer et lui répète: «Utilise ce sac. Rentre les choses dans le sac!» J'ai du répéter la dernière phrase deux fois, puis il a fini par s'exécuter, incertain et toujours avec ce regard de gars qui ne comprend pas trop ce qui se passe et qui se demande pourquoi cette jeune fille devant lui est si étrange, puis a murmuré quelque chose à ma sœur d'accueil. Je n'ai pas entendu, mais j'ai entendu Atun répondre: «Comment veux-tu que je le sache.» Sur le chemin du retour, j'ai demandé à Atun c'est quoi qu'il avait dit avant ça et elle m'a dit: «Pourquoi elle n'utilise pas un sac de plastique?» J'ai donc regretté de ne pas avoir compris sur le coup, j'aurais pu lui répondre «Parce que je respecte notre planète, contrairement à toutes les personnes ici.» J'aurais probablement eu l'air encore plus folle à leur yeux, mais ça aurait dont fait du bien. Avec la réplique de ma sœur d'accueil, on peut comprendre qu'elle fait partie de ces personnes aussi. 

Ce genre d'événement m'arrive régulièrement. Presque à chaque fois que je présente un sac réutilisable à un caissier ou un empaqueteur, celui-ci ne comprend pas et je dois l'arrêter pour ne pas qu'il prenne un sac de plastique. Est-ce si compliqué? 

Continuant dans le sujet des sacs, c'est ridicule comme les Malaisiens utilisent des sacs pour n'importe quoi. Tu achètes un smooties dans un comptoir à breuvages; ils te le mettent dans un sac. Tu achètes un bracelet (et tu as une sacoche); ils te le mettent dans un sac. Tu achètes une barre de chocolat; ils te la mettent dans un sac. Tu as déjà trois sacs dans les mains? Pas grave, pourquoi pas un nouveau! Aussi, ils ne remplissent tellement pas les sacs à leur pleine capacité. Un jour, un caissier a mis mon sac de pomme dans un sac... puis a changé de sac pour continuer. Et lorsque je mentionne que je ne veux pas de sac, j'ai droit à un regard surpris et souvent même, ils vont me mettre un sac quand même. Saya tak nak beg, tak susah faham itu!! (Je ne veux pas de sac, ce n'est pas compliqué à comprendre!!). Il me semble que mon malais n'est pas si mauvais que ça et que les gens doivent comprendre quand je dis une phrase simple comme «Je ne veux pas de sac». Les clients sont autant fautifs que les travailleurs, car ils ne se posent pas de question, ils ne font que prendre les sacs sans rien dire puis les jettent à la poubelle en revenant à la maison. C'est normal, routinier et ça fait partie de leur quotidien. Pourquoi changer? C'est tellement plus facile de se fermer les yeux. 

Outre tout ceci, évidemment, bien que certaines villes affichent de belles pancartes comme «Kajang bersih dan hijau» (Kajang propre et vert), on trouve des quantités hallucinantes de déchets sur le bord des routes et un peu partout. Lorsque nous sommes dans des villages, on voit aussi très souvent des gros tas de déchets. J'imagine que les camions à poubelle ne se rendent peut-être pas et qu'ils doivent donc se créer leur dépotoir personnel.

Samedi dernier, alors que j'étais au mariage de la grande sœur de mon amie Gladys, j'ai rencontré la première personne conscientisée environnementalement depuis que je suis en Malaisie. Ça existe donc? On discutait de ce qu'on pense de la Malaisie en général et elle a commencé elle-même a mentionner la sur-utilisation des sacs, sans que je n'ai abordé le sujet. Je n'y croyais presque pas! Elle a dit que quand elle va aux espèces de marchés extérieurs où ils vendent de la nourriture prête-à-manger, elle apporte ses plats de plastiques et leur demande de mettre la nourriture dedans, mais souvent, ils refusent et insistent pour utiliser les sacs. Ils sont habitués comme ça, peut-être ça les déstabiliserait un peu trop de changer la routine? C'est tellement ridicule! Mais ça m'a fait sourire et me sentir mieux, car pour la première fois en Malaisie, quelqu'un me comprenait. Alors que je croyais cela impossible, j'ai finalement trouvé une personne qui se souci au moins un peu de l'environnement. C'est très peu une personne en 4 mois, mais c'est assez pour redonner un petit brin d'espoir. Malheureusement, ce fut assez bref et ma petite foi fut détruite à nouveau plus tôt aujourd'hui.

Bref, à quiconque se souciant de l'environnement et prévoyant voyager dans ce coin de l'Asie, ne faites pas comme moi et préparez-vous mentalement avant de venir. Je me suis maintenant créée une espèce de bulle d'insensibilité et ça ne m'affecte plus autant de voir tous ces gens qui réchauffent leur voiture, de jeter du carton à la poubelle ou bien de remarquer des personnes avec une dizaine de sacs de plastiques presque vides au centre d'achat. Par contre, ça m'a pris un certain temps et ce fut très difficile au début. Maintenant, j'essaie de me contenter des petits gestes que je peux moi-même poser sans trop regarder autour de moi et observer les autres. Je me ferme les yeux devant le problème, parce que je me sens impuissante. Je n'ai pas le choix de devenir aveugle un peu, comme les autres, si je ne veux pas déprimer toute l'année et que je veux bien profiter de mon expérience. 

Merci de m'avoir lu jusqu'au bout. Et inquiétez-vous pas, j'adore la Malaisie, mais cette petite rage devait sortir à un moment ou un autre.


À la prochaine,

Alice













vendredi 22 novembre 2013

Bilan IV

Bonjour à vous, chers lecteurs fidèles.

Ce lundi 18 novembre, cela faisait exactement 4 mois que j'avais mis les pieds en Malaisie pour la première fois. Je ne pense pas avoir grand chose à dire, mais je m'essaie quand même à faire un petit bilan du mois, parce que je pense que je vais bien aimer pouvoir relire mes bilans un par un à la fin de l'année et me rappeler mon évolution. 

Les choses n'ont pas beaucoup bougé depuis le dernière mois, niveau émotionnel. Je me sens encore bien, comme à la maison et la vie se poursuit. Par contre, je ne pense plus au temps qu'il me reste de la même façon qu'avant. Avant, je me disais souvent qu'il me restait vraiment beaucoup de temps et même que parfois je me demandais si c'était trop. Maintenant, au contraire, je n'attends plus cette date de retour comme avant. J'arrête de m'imaginer le câlin que je vais donner à mes parents en les retrouvant à l'aéroport, toute la bonne nourriture que je vais pouvoir manger, les vêtements courts que je vais pouvoir porter durant l'été, le fait que je vais pouvoir conduire à nouveau et les soirées que je vais pouvoir passer avec mes amies. Je ne pense plus à tout ça. Cette date n'a plus vraiment d'importance, parce que je suis bien ici et j'aime ce que je vis. Oui, ce sera quelque chose de formidable de vivre tout ça, mais chaque chose en son temps.

Lorsque j'étais en train de passer du merveilleux temps avec ma famille d'accueil hindoue pour le Deepavali, comme il m'arrive quelque fois, je me suis demandée, depuis combien de temps je suis ici? La réponse à ce moment là était trois mois et demi. En réfléchissant, j'ai réalisé que ça faisait exactement le tiers de mon séjour en Malaisie d'écoulé. Ça peut paraître drôle, mais ça m'a comme fait un choc. Ça m'a fait réalisé que oui, ça allait se terminer un jour. J'avais peur. J'avais peur que le temps passe trop vite, et que la fin arrive plus rapidement que je le pensais... Mais bon, je devrais peut-être arrêter d'accorder trop d'importance au temps et simplement en profiter le plus possible pendant que je suis ici. Et apprécier toutes les belles expériences que je vis et que je ne pourrais pas expérimenter au Québec.

Sinon, ce qui a marqué mon quatrième mois en Malaisie, outre mon immersion temporaire dans la culture indienne, fut la fin de l'année scolaire. J'ai survécu à 43h45 d'examens finaux, étendus sur 12 jours incluant un samedi (je ne comprends toujours pas pourquoi ils nous ont fait rentrés un samedi, alors qu'après les examens il restait 9 jours d'école avant la fin officielle, il me semble qu'on aurait eu amplement le temps). J'ai répondu en tout à 23 examens, incluant 8 en malais seulement, 2 en anglais seulement et 13 bilingues. J'ai aussi participé et assisté au retour des manuels et au vidage des classes. Eh oui, je peux maintenant le dire les amis: j'ai fini mon secondaire 4! Wahoo! J'ai aimé passer les examens, parce que ayant aussi eu une période d'examens en août, j'ai pu constater mon évolution. En particulier dans les examens entièrement malais. La première fois, ça me prenait au moins 5 minutes comprendre une question en traduisant chaque mot un par un avec mon dictionnaire. Maintenant, quand je ne comprends pas toute la question, je peux souvent seulement cibler 1 ou 2 mots à traduire pour ensuite comprendre tout le sens de la phrase. C'est beaucoup moins fatiguant. Je devrais recevoir mon relevé de notes la semaine prochaine. Ça me fait quand même quelque chose de constater que la moitié de mon expérience scolaire en Malaisie est déjà finie. Je vais poursuivre en secondaire 5 en janvier.

À part de ça, durant ma dernière journée d'école, j'ai eu une petite discussion (en malais) avec une amie. Elle m'a dit: «Je me rappelle la première journée d'école quand tu es rentrée dans la classe et que tu as dit à l'avant: Bonjour. Mon nom est Alice. Je suis du Canada. Mon âge est 17 ans. ». Je me suis donc mise à rire avec elle en me rappelant se souvenir, et j'ai répondu: «Oui, et tous les gars se sont mis à rire de moi. J'étais gênée.» . Plus tard, je me suis rappelé que j'avais aussi dit «Et j'aime le badminton.» à la fin. C'est quand même amusant de se rappeler ce petit souvenir et de pouvoir en rire avec une amie. J'étais partie avec ma petite base, toute fière de pouvoir me présenter en malais. C'était quand même très irrespectueux de rire de mon effort, mais bon, des gars, ça reste des gars... Maintenant, je suis capable d'avoir des conversations et je suis beaucoup plus capable de m'exprimer. Je me suis faite dire plusieurs fois dans les dernières semaines par des professeurs ou des amis que je m'étais beaucoup améliorée. C'est trippant! Ce que j'aime le plus, c'est voir la face des gens quand je suis dans un endroit public - banque, magasin, épicerie, etc - et qu'ils m'entendent parler en malais. La surprise et l'épatement sur leur visage est le meilleur encouragement!

Je suis maintenant en congé et ça fait du bien. Et inquiétez-vous pas pour moi, je n'ai pas de risque de m'ennuyer, je suis pleine de projets! Ça va même passer très vite, je le sens. Mardi passé je suis sortie avec des amies (bowling, cinéma, sushis) et j'ai plusieurs autres plans avec des copines que j'espère qui vont se réaliser. Faire du sailing avec Sufia, jouer au squash avec Wafa, faire du patin à roues alignées avec Izlin, aller faire de l'escalade avec les gens de ma classe... ce n'est pas les idées qui manquent! À plus court terme, je pars dans quelques minutes avec la famille de Gladys (vous vous souvenez, mon amie malaisienne chinoise qui est présentement à Yellowknife avec AFS). Je vais passer la fin de semaine avec eux pour assister au mariage de la grande sœur de la famille. Accompagnant la famille proche de la mariée, je serai très VIP, c'est super! Je vous raconterai le tout à mon retour.

Voilà pour mon quatrième mois en Malaisie: l'école est finie, la vie poursuit son cour, je me sens encore bien et j'ai pleins de beaux projets qui s'en viennent! 


À bientôt,

Alice

dimanche 17 novembre 2013

Temple hindou

Bonjour!

Je vais poursuivre où je vous avais laissés. Je vous ai mentionné dans mon article précédant que le lundi (4 novembre), Valentina, de l'Argentine, et moi avons eu la chance de participer à des prières spéciales à un temple, accompagnant Prema, notre mère d'accueil indienne temporaire pour le Deepavali ainsi qu'une autre femme.

Prema avait été invitée à cette séance de prières spéciales par un ami à elle, qui habite à Singapour. Cet homme ainsi qu'un autre garçon sont tous deux montés de Singapour simplement pour participer à ces prières! C'est 6 heures de voiture dans une circulation fluide, ce qui est rare à trouver, donc j'estime plutôt à environ 8 heures le trajet. Il faut le vouloir. Enfin, l'ami à Prema est aussi celui qui a pris toutes les photos qui suivent, et je le remercie grandement pour ça. Je suis contente de pouvoir garder un souvenir de cette expérience et aussi de pouvoir la partager avec vous grâce à ces photos.

Nous nous sommes réveillées en retard, n'avons pas déjeuné et sommes parties en vitesse vers le temple, qui se trouvait à Ipoh, la ville où on s'était tout d'abord rendue la première fois en train (capitale de l'état de Perak). Prema a eu de la difficulté à retrouver le temple dans la ville et on a tourné en rond pendant plusieurs minutes. Lorsque nous avons finalement atteint le temple, malgré nos deux heures de retard (10h au lieu de 8h), les gens nous avaient attendues avant de commencer. Étonnamment (ou pas, mais moi ça m'a étonnée), nous n'étions seulement qu'une quinzaine de personnes à prendre part aux activités.

Bon, je vous l'avoue, je ne sais pas trop par où commencer. Je ne me souviens pas de tous les petits rituels que nous avons faits et surtout pas de l'ordre à laquelle nous les avons faits. Il y en a beaucoup... Je vais donc beaucoup utiliser les photos pour m'aider, et je m'excuse d'avance si ça ne suit pas toujours un ordre logique.


Les neuf planètes

Lorsque nous sommes arrivées, l'ami à Prema, le photographe, que je vais nommer Uthaya comme son vrai nom est trop long et compliqué, nous a présenté des statues, à Valentina et moi. Ils les appelaient les neuf planètes, mais j'imagine que «astres» serait plus approprié. Chaque astre était en fait un dieu. Chaque dieu était représenté assis sur le dos d'un animal, accompagné par sa femme. La femme était beaucoup plus petite que le dieu. Au centre, il y avait le dieu soleil, le plus important. En avant de lui étaient sculptés sept chevaux qui représentent les sept couleurs de l'arc-en-ciel. Autour du soleil, il y avait les 8 autres astres. Je me souviens qu'il y avait Saturne, la Lune, Mars, deux planètes dites invisibles, etc. Uthaya nous a expliqué la spécialisation de chacune des «planètes». Je me souviens seulement qu'une de celle-ci s'occupe de l'amour et de la fidélité et une autre s'occupe de tout ce qui a trait à l'argent. Chaque planète ou dieu possède sa force.

Ce dernier paragraphe est vraiment pas clair et imprécis. C'est simplement pour vous démontrer comme la religion hindoue peut être compliquée, avec leurs centaines et centaines de dieux différents, tous possédant une spécialisation qui peut aller des problèmes d'articulations dus à la vieillesse jusqu'au succès au travail. C'est vraiment difficile à suivre!


Nourrir un dieu par le feu

Après avoir fait le tour des planètes, nous avons rejoint le groupe pour commencer. Le premier rituel consistait à offrir de la nourriture à un dieu. Cette journée était consacrée pour un seul dieu en particulier, mais je n'ai pas retenu son nom. Je vais l'appeler ici Gashi pour la cause, un nom arbitraire. La façon utilisée pour «donner de la nourriture» au dieu était de la lancer dans un feu. Nous utilisions neuf sortes de grains, pour les 9 planètes. Les grains sont utilisés car ils poussent naturellement sur la Terre et sont donc créés par les dieux. Nous avons aussi brûlé des fruits, probablement pour la même raison. Un homme faisait également fondre du beurre sur le feu, en utilisant une grosse cuillère en bois travaillé. 

Avant de commencer, nous avons dû «laver nos mains» avec quelques gouttes d'eau de noix de coco. Nous avons également fait quelques prières. Le guru plaçait un peu de riz et des pétales de fleur jaune dans notre main, et nous devions fermer nos mains ensembles en position prière. Il y a eu plusieurs petites actions comme ça mais je ne me rappelle pas de tout. Tout au long du rituel de donation, cet homme torse-nu lisait des vers - en tamoul - dans un livre. Lorsqu'un vers se terminait par «suaram» ou bien «soirame» en écriture française (j'y vais au son), c'était le moment de lancer une petite portion de grains ou de fruits dans le feu. Nous avons fait cela durant environ deux heures. Et comme il est rude de s'asseoir les jambes allongées en Malaisie, la position indienne ou avec les jambes repliées sur le côté m'a causé à plusieurs reprises un manque de circulation sanguine dans les pieds, situation peu confortable. Quelques fois, l'ami de Uthaya (de singapour) faisait circuler un petit feu dans un objet de métal. Nous devions placer nos mains dans la boucane puis les apporter à notre visage, comme lors des prières faites au village.



Avant de commencer.

Suaram

On voit le garçon qui distribue le petit feu.

Petite vu d'ensemble.

Valentina et moi.

L'homme en vêtement orange est celui qui lisait durant le rituel, et qui a guidé
 toutes les activités. Nous venons de brûler les derniers restes de nourriture
 et il est en train de faire dégouliner un dernier morceau de beurre. Avant
d'abandonner le feu, les deux hommes que nous voyons ont placé des pétales
de fleur sur les quatre côtés du carré et aussi sur le feu.
Il y avait ce petit montage en arrière du feu. À la fin, un des hommes est allé le
 bénir ou prier avec le feu. C'est des noix de cocos, qui portent le fameux
symbole du gros point orange-brun avec un plus petit point rouge au-dessus.


Random stuffs

Je vais ici simplement présenter des photos et expliquer ce que nous faisions. Je ne me souviens plus de l'ordre de tous ces petits rituels donc je ne peux pas vraiment faire de texte continue. De toute façon, une image vaut mille mots! 

Je vous ai déjà expliqué ce geste. On approche nos mains du feu puis les
apporte à notre visage.

Plusieurs dieux étaient représentés dans un arrangement circulaire (je crois
que c'était un octogone, mais je ne suis pas certaine du nombre de faces
donc je n'en suis pas sûre). À l'avant de chacun de ceux-ci se trouvait une
cloche. Nous avons fait sonner toutes les cloches, une par une, chacun notre
tour, en face des statues. Le son de la cloche est supposé réveiller les dieux.

Nous avons suivi le guru, qui semble avoir béni/prié chacune des statues se
trouvant dans le temple.

À plusieurs reprises, un dieu, via le guru, nous a béni ainsi que les membres
de notre famille. Nous disions notre prénom puis celui de chacun des membres
de notre famille et l'homme répétait le nom puis disait une phrase en tamoul.
C'est supposé promettre la santé et le bien-être à nos proches et à nous-même.
 Nous placions nos mains sur le bord du plat de métal pendant cette récitation.
Lorsque nous en avions fini avec les noms, le guru concluait en disant un
texte un peu plus long, peut-être quelques phrases.

Le guru est en train de placer de l'eau dans ma main, que je devais ensuite boire.

Nous avons fait le tour du temple en tenant ces petits montages.

Au dessus de l'objet de métal, c'est encore une fois une noix de coco.


Gashi prend une douche

Avant/après/entre les rituels montrés plus haut, nous avons également observé le guru et ses assistants asperger la statue représentant le dieu que nous priions cette journée là avec toutes sortes de substances. Pendant les actions, il récitait toujours des paroles quelconques en tamoul. Ça sonnait mélodieux. 

Les hommes ont aspergé le corps de Gashi (nom fictif, on se le rappelle) à plusieurs reprises avec du lait, du yogourt, du miel, de l'eau et de la nourriture non-identifiable. Le lait était utilisé parce qu'il représente le breuvage de la vie. Les nouveaux-nés se nourrissent du lait de leur mère durant la première période de leur vie. Le yogourt était utilisé car supposément qu'il baisse la température du corps. Le miel était utilisé car il assure une gorge et une voix en santé. l'eau était utilisé pour laver, faire prendre une douche au dieu. Pour le mixte de nourriture, Uthaya ne m'a pas expliqué. Ce doit être pour le nourrir.

Les hommes ont aussi plusieurs fois utilisé le feu autour de la statue. Ils ont aussi fini en vidant des coquillages qui contenaient de l'eau sur le dieu. À la fin, lorsque Gashi fut complètement nettoyé, ils l'ont habillé, maquillé et orné de fleurs.

Le lait.

Le yogourt.

La nourriture. Je crois qu'il est aussi en train de rajouter du miel.


Après le tour du temple, ils récupèrent l'objet.

Et vident le contenu du pot (eau de noix de coco) sur Gashi.

Les coquillages, qui contiennent de l'eau, et arborent le point orange et rouge.

La statue qui a retrouvé sa splendeur après une bonne douche.

L'homme promène le chandelier en avant de Gashi.

Observez à gauche: le guru est en train de faire sonner une petite cloche.

Quand il sonne la cloche, on doit placer nos mains en position prière.

Ma famille se fait bénir encore une fois. Les deux hommes ont une face de
 «C'est quoi ces noms bizarres là, c'est pas prononçable!» (C'est toujours drôle
voir des gens essayer de dire Jean)

Encore une fois, mains près du feu puis au visage.


Nourriture

Le tout s'est terminé aux alentours de 2 heure. Le moment que j'attendais tant... manger! Nous n'avions rien avalé depuis le matin. Le temple fournissait de la nourriture. C'était végétarien. Nous avons donc apprécié le plat puis sommes reparties. 

Ils nous servent la nourriture.



Le garçon de Singapour est venu nous rajouter de la nourriture oubliée.
Oui, avec les mains, on ne peut pas être dédaigneux en Malaisie.

Femme de la famille qui nous suivait, moi, Uthaya le photographe de
Singapour, Valentina et Prema notre mère d'accueil temporaire.




Voilà, c'est tout pour mon résumé de ma visite au temple. J'espère que vous avez apprécié, même si ce n'est pas autant agréable à lire qu'à vivre. Ce fut une expérience très intéressante et je me trouve choyée de pouvoir entrer au cœur de plusieurs cultures comme ça. Ce séjour à Perak m'a confirmée encore une fois que c'était une excellente décision d'avoir choisi la Malaisie comme pays d'accueil! C'était étrange comme choix quand on y pense, mais maudit que je suis bien tombée, et je ne changerais pour rien au monde. C'est tellement fascinant de pouvoir découvrir des façons de faire et de voir la vie complètement différentes. Mais c'est encore mieux quand tu peux en découvrir plusieurs, dans le même pays! 

Je vous laisse et je suis désolée de publier cet article 2 semaines après les faits. Je suis très occupée et quand j'ai du temps libre, écrire dans mon blog n'est pas toujours ma priorité. 


À bientôt,

Alice

dimanche 10 novembre 2013

Joyeux Deepavali!

Bonjour à tous!

La fin de semaine dernière, alors qu'une bonne partie de la population québécoise s'occupait à célébrer Halloween dans le froid de l'automne, j'ai eu la chance de vivre une expérience extraordinaire dans une famille hindoue afin d'y célébrer le Deepavali (aussi nommé Diwali), qu'on peut traduire comme étant le festival des lumières et qui se trouve à être la fête la plus importante de l'année pour les hindous. (Petit rappel: la Malaisie est composée à environ 10% d'Indiens)

La présidente de mon chapitre nous a transmis l'invitation, venant du Perak Chapter, la région juste au nord de la mienne, lundi. Message bref et imprécis nous disant de venir chez elle en train le soir même où le lendemain afin d'aller vivre avec une famille Hindoue pour le Deepavali à Perak, mais que c'était optionnel. J'étais en pleine semaine d'examens, tout n'était pas claire, nous n'avions aucune idée combien de jours nous serions là, et qu'est-ce qui allait s'y passer... Bref, digne de la Malaisie, toujours mal-organisée. Il faut savoir se laisser aller et ne pas trop poser de questions! 

C'est ainsi que jeudi le 31 octobre, accompagnée d'une collègue AFSer venant de l'Argentine, j'ai pris le train qui nous a menées à Ipoh, la capitale de cette région. Arrivées à destination, surprise! Aucun volontaire ou représentant AFS nous attendait. On appelle le président AFS de cette région, il nous dit qu'il est à 20 km d'ici et qu'il s'en vient. Ça a pris une heure. Bon, ce n'est pas grave, il a fini par arriver puis nous a apportées quelque part se prendre à boire pendant qu'il faisait des appels afin de nous confirmer une famille d'accueil (assez improviste). Il nous a finalement envoyées prendre un bus qui nous a menées à une ville voisine (1h30 de route dans les belles montagnes), nommée Taiping.

Nous avons rencontré notre mère d'accueil temporaire, qu'on appelait sister comme elle est seulement âgée de 27 ans, et que c'est relativement  irrespectueux de nommer des personnes plus âgées par leur prénom. Nous lui avons demandé quelle était la signification du Deepavali, quelle était en fait cette fête. Je vous partage le récit, mais comme ça semble être du bouche à oreille, je ne suis pas sûre qu'une recherche internet nous donnerait le même résultat:
Selon une légende ou un mythe hindou, il fut un temps, quelque part, où un roi possédait un Royaume. Ce roi torturait ces citoyens et ne les traitaient pas bien. Il leur empêchait strictement d'avoir de la lumière (allumer des chandelles j'imagine) et les maisons se retrouvaient toutes dans le noir. Après un certain temps, le Dieu de la destruction est descendu sur terre pour éliminer ce mauvais roi. Le roi, avant de mourir, a ordonné aux citoyens de célébrer en son honneur. C'est ainsi que les gens célèbrent maintenant la destruction du roi, ou plutôt le retour de la lumière.

Maison de notre famille temporaire.
D'où le nom de festival des lumières. Pour l'occasion, les adeptes de la religion hindoue vont décorer leur maison avec des lumières extérieurs. Ça me rappelait Noël. Ils vont aussi s'amuser avec toutes sortes de feux d'artifices et d'explosifs.

Le premier soir a été tranquille. Prema, la mère de famille, nous a envoyées manger chez une amie et collègue de travail à elle qui accueillait aussi des étudiants pour le Deepavali. Nous avons donc rencontré une Japonaise ayant entamé son programme en janvier ainsi qu'une Américaine de notre cohorte.

Valentina et moi,en Punjabi  





Le lendemain, nous avons essayé pour le première fois un vêtement traditionnel indien. Ils le nomment, par ici, le Punjabi, mais Punjabi est en fait le nom donné aux habitants de la région du Punjab, en Inde. J'en déduit donc que ce vêtement est originaire de cette région. C'est un espèce un long chandail, ou robe courte, à vous de voir, avec des pantalons en tissu mince, généralement serrés au niveau des chevilles et devenant de plus en plus lousses en montant. Souvent, les femmes vont aussi porter un bout de tissu plié de façon à ressembler à un foulard. Il y a plusieurs manières de le porter, on peut le laisser pendre sur notre épaule (en utilisant un épingle pour que ça tienne bien entendu) comme mon amie le porte sur la photo ou le mettre sur nos deux épaules par en avant et laisser pendre par en arrière par exemple.Les vêtements sont toujours très colorés.

Donc, avec notre vêtement traditionnel et notre point sur le front, nous avons suivi la famille à un open house. Mais ce n'était pas dans une maison, c'était dans un local quelconque, ouvert au public. C'est à ce moment qu'on a pu constaté à quoi ressemblait la nourriture que les Indiens mangent en Malaisie. C'est très similaire aux Malais, le riz étant prédominant. Par contre, dans les buffets malais, tu vas avoir plusieurs plats de viande cuisinée de diverses façons et, si tu es chanceux, peut-être une assiette de légumes. Dans ce buffet indien, nous avions, si je me souviens bien, 2 plats de viande, 3 ou 4 de divers mélanges de légumes et un plat d’œufs bouillis. Bref, les Indiens aiment manger des légumes et en mangent quotidiennement alors que les Malais n'aiment généralement pas vraiment ça et considèrent la portion de légume comme optionnelle. Donc vous comprendrez que je me sentais plus à ma place dans ce buffet, moi qui n'est pas une super grande adepte de viande. À part de ça, sur le chemin du retour, Valentina en a profité pour demander à Prema que signifiait le fameux point sur le front. Elle nous a expliqué que le point rouge est pour les femmes mariées et le point noir est plutôt pour les enfants et adolescentes. Le point rouge peut aussi être portée par une femme mature, même si elle n'est pas encore mariée.

Un peu plus tard, de retour à la maison, nous avons rencontré Malvina, une Française ayant fait son échange en Malaisie de janvier 2012 à janvier 2013 et qui avait, l'année dernière, passé le Deepavali avec la même famille que nous. Elle était de retour pour un petit séjour de 2 semaines et en a profité pour retourner célébrer le Deepavali avec cette famille, à laquelle elle a conservé de bons liens. Mais elle n'était pas seule. Elle était accompagnée par son petit copain, un beau jeune homme indien qu'elle avait justement rencontré ici même l'année dernière! Elle venait donc tout juste de faire ses retrouvailles avec son amoureux, après 10 mois passés en France.

La vie rustique

Comme le veut la tradition, les familles visitent la génération précédente pour célébrer des grandes fêtes comme le Deepavali ou l'Aïd-el-Fitr (Petit rappel: fête marquant la fin du mois de jeûne chez les musulmans). Nous nous sommes donc rendus, avec la famille, au village des parents de Jeeva, le père de la petite famille (ou grosse, ils ont 4 enfants quand même).

Après avoir roulé un peu dans des rues étroites de campagne et avoir ralenti pour essayer de se faufiler dans un troupeau de vaches qui se promenaient paisiblement sur notre chemin, nous avons atteint ledit village. C'est vraiment tout petit, il y a 3 petites rues de maisons et c'est tout. C'est aussi très, très pauvre. Étonnamment, le village possède tout de même une petite école et un temple modeste. Sur la plus longue rue, toutes les maisons appartiennent à des gens de la même famille, proche ou plus ou moins éloignée. Tout le monde se connait dans le village et les gens sont tous très chaleureux et accueillant. Je vous présente quelques photos de l'environnement:



Une maison que je trouvais photogénique.

La petite école.

La maison où on dormait, soit chez les parents de Jeeva, notre père d'accueil temporaire.

L'endroit où on se lavait.

La cuisine.

La cuisine.

Un repas qui s'entame.



Vous pouvez constater par vous même que certaines maisons sont en très piètre état, celle qui nous hébergeait ne faisant pas exception. Mais sincèrement, j'ai adoré passer du temps là. C'est magique l'ambiance qu'il y avait dehors, c'était très animé car il y avait toujours des gens à l'extérieur, qui se promenaient en moto, en bicyclette ou des groupes de gens qui jasaient devant une maison. Aussi, c'est beau de voir comment les animaux peuvent côtoyer amicalement les humains. Les coqs nous réveillaient le matin avec leurs chants, les chiens se choisissaient une maison et s'installait à l'avant pour dormir le soir, un oie (ou autre gros oiseau, je ne suis pas certaine du nom) se promenait les ailes écartées à la recherche d'une femelle, les chèvres broutaient sur le bord du chemin, une troupe de singe nous regardait passer en moto pour aller à la ville, et sans oublier le troupeau de vaches qui nous a si bien accueilli à notre arrivé. Et aussi, j'ai aimé constater comme les gens étaient souriants et semblaient profiter de la vie. Ça n'avait pas d'importance qu'ils soient riches ou bien très pauvres, ils passaient du bon temps en famille et étaient heureux.


Les prières

Les quelques journées approchant et suivant le Deepavali, les hindous prient pour les personnes défuntes. La journée officielle, ou disons la plus importante, pour prier, est la veille du Deepavali. Cette année, ce jour tombait donc sur le vendredi 1er novembre, le Deepavali étant le second du mois.

Durant cette période, les gens aménagent leur coin prière en l'honneur des personnes qui ont quitté ce monde. Ils vont installer une photo de chacun de leur proche ayant décédé et vont généralement l'orner d'un collier de fleurs. Ils vont ensuite installer de la nourriture à l'avant et il peut aussi arriver qu'ils installent de nouveaux vêtements. Lorsqu'ils cuisinent la nourriture, si c'est le cas, ils n'ont pas le droit de goûter avant de l'installer. Le but de tout ceci, c'est de recevoir la bénédiction des défuntes personnes par la nourriture, de les «nourrir» et de leur donner des nouveaux vêtements, qu'ils pourront porter dans le monde où ils se trouvent. Plus tard, après avoir effectué les prières, ils vont manger la nourriture bénie, parce qu'évidemment celle-ci n'a pas disparue. J'imagine que des personnes vont porter les vêtements plus tard également. 

Pour les prières, les hindous utilisent beaucoup le feu. Dans une assiette de métal, ils font brûler du camphre, petits carrés blancs inflammables et qui dégagent une certaine odeur lorsqu'on les brûle. Ils utilisent ceci car ça prend facilement en flamme et conserve la flamme jusqu'à temps qu'il soit totalement fondu. Ils font aussi brûler une autre substance que je n'ai su identifier sur un autre objet en médaille aillant une forme similaire à un mono-chandelier. Lorsque les gens prient, ils vont généralement se mettre à genoux en avant du montage, puis rajouter des carrés de camphre, si nécessaire, dans le petit feu déjà en marche sur l'assiette. Ils vont également approcher leurs mains du semblant de chandelier et puis déplacer de la boucane vers leur visage. Ensuite, ils vont prendre l'assiette de métal avec les camphres et faire des mouvements circulaires au dessus du montage. Après ceci, certains vont tremper leurs doigts dans un bol d'eau de noix de coco - l'eau la plus pure au monde - qui a été fraîchement retirée du fruit, et vont asperger légèrement le plancher ou la nourriture avec le liquide. Par la suite, ils placent un doigt dans de la poudre blanche se trouvant également dans l'assiette, et se font une marque sur le front. Chacun a son petit rituel bien à lui. Par exemple, certains se mettent de la poudre blanche autour du cou également, ou bien s’éclaboussent un peu d'eau de coco sur la tête, ou bien se touchent le front puis le cœur avec le bout des doigts avant d'installer la marque sur le front, ou bien préfèrent prier debout, etc. La manière de prier varie selon chaque personne et semble assez personnel, il n'y a pas de marche claire à suivre, les gens y vont comme ils le sentent.


Une femme qui installe de la nourriture.

Le montage.
Mon amie qui prie.

Moi qui prie, aidée par Nisha, une jeune fille vraiment gentille.


Les feux d'artifices

Nisha, Valentina et moi.
Nous avions entendu quelques booms dans la journée, mais le gros se passe évidemment dans la soirée. Le vendredi soir, nous sommes sortis dehors pour assister et participer à ces célébrations. Les petits comme les grands s'amusent avec toutes sortes d'artifices. C'était parfois très dangereux mais ça n'avait l'air d'effrayer personne.

Comme artifices, ce n'est pas le choix qui manque. Il y a les bâtons de métal, que quand tu allumes ça ressemble à une étoile ou une cellule nerveuse de feu. Il y a les petits pétards que quand tu lances par terre ils éclatent en faisant un petit bruit sec. Il y a les bâtons que tu allumes et qui lancent des petits boules de feu. Il y a les petites bombes que tu allumes, lances et essaies de te synchroniser pour que ça éclate durant l'envol. Il y a mon préféré: le petit cylindre que tu allumes, lances par terre, puis qui se met à tourner super vite en changeant de couleur, ce qui donne l'effet d'une boule de lumière, puis qui finit par éclater. Il y a aussi les longues rangées de pétards, que les garçons s'amusent à accrocher à l'arrière de leur moto et à rouler pendant que ça éclate. Vraiment désagréable, ça fait du bruit continu pendant 1 à 2 minutes et il n'y a rien de beau à voir. Il y a également les feux d'artifices traditionnels comme on connait tous, qui éclatent dans le ciel avec de multiples couleurs. Et j'en passe.

C'était bien le fun au début, mais ça a duré environ 3 heures. Je vous dit qu'on se tanne... Par contre, les jeunes là-bas ne semblent ne jamais se lasser, ça n'arrête pas. Je serais curieuse de savoir combien les gens investissent dans tous ces feux d'artifices. Ça a continué aussi le samedi dans la journée, le samedi soir et quelques journées par la suite, mais les quantités allant en diminuant.

Outre les feux d'artifices, durant les soirées, il y a certaines personnes qui fêtent en buvant de l'alcool. En fait, ce sont seulement les hommes célibataires qui boivent. C'est mal vu pour une femme de consommer de l'alcool, et les hommes mariés restent généralement sages. Ils boivent surtout du fort et de la bière. Et à tous les soirs, les gens veillaient jusqu'à 1-2-3 heure du matin. Ils mettaient de la musique et il peut arriver que certaines personnes dansent également. Bref, l'ambiance est vraiment à la fête!


Nasi, nasi, nasi!

Nasi veut dire riz.

Le samedi matin, lorsque j'ai regardé dehors, j'ai retrouvé Jeeva, notre père d'accueil temporaire, en train de créer un chef d'oeuvre. Les gens aiment bien, durant le Deepavali, concevoir de splendides et colorés dessins sur le sol. La technique utilisée? Le grain de riz. Ils utilisent du riz non cuit, auquel du colorant a été ajouté pour donner de la couleur. On constate encore une fois comme le riz est omniprésent en Asie. Le résultat était vraiment jolie, même si ça n'a pas tenu longtemps, piétiné par les gens et ravagé sous la pluie.




Notre vendredi, samedi et dimanche ont été en grande partie passés à manger et boire. Nous sommes allées dans je-ne-sais-pas-combien de maisons différentes, que ce soit en suivant quelqu'un ou bien en se faisant inviter à rentrer par les gens alors qu'on marchait dehors. Les Malaisiens ont vraiment comme coutume d'accueillir les gens. Dans chacune des maisons, nous nous faisions offrir à boire. Même si on n'aimait pas le breuvage ou n'avait pas du tout soif, on devait accepter le verre et au moins en boire un peu, car il paraît vraiment rude de refuser à boire. Aussi, dans plusieurs maisons, on se faisaient offrir un repas. Normalement du riz avec du poulet et/ou de la chèvre et un mélange de légumes. Il arrivait par contre parfois d'avoir une petite variante, comme une espèce de pâte ressemblant à une crêpe et faite à base de farine de riz, ou un dessert sucré fait avec du riz. Bref, du riz, vous y conviendrez. Lorsque nous ne nous faisions pas offrir de gros repas, il y avait, à la place, pleins de biscuits et de craquelins de toutes sortes installés sur une table basse en avant de nous. Comment résister?

C'est ainsi que samedi, nous avons mangé du riz 6 fois, bu au moins une vingtaine de breuvages et manger une dizaine de collations. C'est pas mêlant, j'avais l'impression que les gens m'utilisaient dans une expérience scientifique qui aurait eu comme but: «Déterminer la capacité maximale de nourriture physiquement possible d'ingérer en 24 heures avant d'exploser.» Et je ne pouvais fuir, une fois où je me sentais vraiment trop pleine et que j'ai décidé d'aller prendre une marche pour digérer, j'ai fini assise dans une maison en train de boire un café (j'ai quand même réussi à épargner la nourriture, heureusement).

Dans certaines maisons, nous avons reçu de l'argent dans des petites enveloppes inscrites «Happy Deepavali». Les montants allant de 5 à 10 Ringgits, soit entre 1,50 et 3,50 dollars canadiens environ. Donner des sous dans de petites enveloppes vertes était à l'origine une tradition chinoise, mais qui a été reprise par les malais pour le Hari Raya et par les indiens pour le Deepavali. Mais c'était vraiment touchant de constater comme les gens sont généreux. Ils ont beau être vraiment très pauvres, vivre dans une maison de bois avec du plancher de ciment, ne pas avoir de vrai douche et de vrai toilette, ils trouvent quand même le moyen de sélectionner quelques sous à donner en cadeaux, et d'offrir de la nourriture aux gens. Et ils vont t'accueillir, super souriant. Ils ne sont pas gênés d'ouvrir leurs portes aux gens, même si leur état de vie n'est pas très enviable. Ils le font de bon cœur, et ça, c'est plus important que n'importe quel plancher de bois franc, mur de brique ou télévision 60 pouces.


Temple

Le samedi matin, comme c'était le jour officiel du Deepavali, les gens se sont tous rendus au temple. Pour l'occasion, Valentina et moi avons essayé le sari, un autre vêtement traditionnel. Il s'agit d'une large bande de tissu d'environ 1,20 m de large sur 5 à 6 m de long, portée sur un jupon et un corsage serré laissant le ventre nu, et qui peut être installée selon plusieurs techniques différentes autour du corps. C'est vraiment compliqué et long à installer, et ce n'est pas super confortable. Habituellement, le sari est porté uniquement par les femmes mariées, ou du moins d'un âge assez avancé. Nous avons emprunté le vêtement et deux femmes nous l'ont installé, nous ont maquillées, coiffées et ornées de bijoux. Valentina était ravissante. De mon côté, j'étais un peu déçue, la fille avait vraiment abusé sur le maquillage, ce qui n'était pas du tout charmant, et la coiffure ne mettait vraiment pas mes cheveux à leur avantage. Mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir, étant donné qu'elles ont pris beaucoup de temps pour nous arranger et que c'était super gentil de leur part.

Au temple, certaines personnes apportaient une assiette avec des fruits et de l'encens. Avant d'entrer dans le temple, nous devons retirer nos sandales et se laver les pieds en utilisant les robinets installés à cet effet. On doit aussi se déposer un petit peu d'eau sur le dessus de la tête. Généralement, lorsqu'un groupe de personnes arrive, ils vont avoir une assiette de fruits et faire le tour des sculptures de dieux à l'extérieur du temple avant d'entrer. Aussi, les femmes qui sont dans leur période ne sont pas autorisées à entrer dans le temple.

Au temple, il ne s'est pas passé grand chose. Certaines personnes allaient prier dans la petite pièce à cet effet, où une personne à la fois peut y rentrer seulement. Ils ont aussi distribué la poudre humide orange et rouge. On doit se faire une marque en orange sur le front et une plus petite marque rouge sur cette dernière. À un autre moment, ils ont également distribué la poudre blanche. Une autre marque sur le front. On pouvait aussi voir certaines personnes prier plus publiquement, à l'extérieur du petit cubicule. Nous nous sommes contenté de regarder, de s'asseoir et de prendre quelques photos.


Le temple.

Nous faisons le tour de la statue avec l'assiette de fruits.

Des statues à l'extérieur. Des dieux.
À l'intérieur du temple.
Le petit cubicule pour prier.
L'homme qui distribue la poudre blanche.
Prema, ou sister, notre mère d'accueil temporaire, avec ses deux enfants du milieu.

 
Valentina et moi en sari avec deux indiennes en punjabi.


Avec des femmes quelconques.
Valentina (Argentine), Malvina (France) et moi (Québec, mais vous le saviez déjà).
Valentina et moi.

Petite photo de groupe. Je ne connais et ne peux nommer tout le monde.

En haut: Vanlentina, père, mère, cousine, moi.
En bas: 3 de leurs 4 enfants (le dernier se faisait garder)


Lundi, Prema, Valentina, moi et une autre femme dont je ne connais le lien de parenté et le nom sommes allées à un temple pour des prières spéciales. Je vais en parlé dans un autre article, comme celui-ci est déjà très long et que j'aimerais bien détailler mon expérience à ce temple, qui a été très captivante et intéressante. Je suis finalement retournée chez moi mardi, après avoir passé 5 nuits à Taiping avec cette famille.




À bientôt,

Alice