lundi 28 octobre 2013

Open house

Bonjour,

Je veux vous faire part d'une petite tradition malaise auquel j'ai été témoin samedi dernier. 

De temps à autres, les Malaisiens organisent des open houses, qui consistent à inviter les amis, la famille, les connaissances et les voisins à venir s'asseoir et manger à la maison. Ces portes ouvertes sont généralement organisées lors de grandes fêtes comme la fin du Ramadan ou la fête du sacrifice par exemple, mais peuvent également être organisées pour aucune raison spéciale à n'importe quel moment de l'année, selon le désir des hôtes. C'est ce qui est arrivé samedi passé, il y avait deux open houses en même temps dans mon quartier.

Telekung
J'ai donc enfilé des vêtements traditionnels et suivi la famille. Lorsque je suis arrivée à la première maison, les gens étaient tous en train de prier. Ils étaient tous en lignes, orientés vers le même endroit. Les femmes étaient toutes à l'intérieur de la maison, dans les rangées arrières et les hommes étaient soit à l'extérieur à l'avant de la maison ou soit à l'intérieur dans les rangées avant. Les gens étaient rythmés avec la prière/chanson et se synchronisaient dans leurs mouvements (debout-penché-à genoux-la tête au sol-etc). Pour la prière, les hommes sont libres de s'habiller selon leur guise alors que les femmes doivent porter un telekung - vêtement long, généralement blanc et brodé, laissant paraître seulement le visage. C'est toujours très impressionnant de voir des rassemblements de gens qui prient comme ça, c'est étonnant de constater à quel point ces gens sont fidèles à leur religion et comme celle-ci est présente dans toutes les parcelles de leur vie.

À l'intérieur, les meubles du salon et de la salle à manger avaient été retirés et des tapis étaient installées à la grandeur du plancher pour l'occasion. Les divans avaient été déplacés à l'extérieur, à l'avant de la maison. Lorsque la prière fut terminée, je suis rentrée à l'intérieur avec ma mère d'accueil, qui venait tout juste d'arriver. Nous avons salué (effectué un salam) à certaines personnes puis nous sommes assises par terre, converser un peu avec d'autres femmes. Pendant ce temps, les hommes commençaient à se servir dans le buffet à l'extérieur. La nourriture est vraiment le point central de la culture malaisienne. On mange beaucoup, et souvent. Selon la coutume, les femmes doivent laisser les hommes se servir en premier. Elles peuvent ensuite se servir à leur tour. C'est donc ce qu'on a fait. Je ne sais pas pourquoi, mais les hommes mangeaient tous à l'extérieur, assis sur des divans ou des chaises, alors que les femmes mangeaient toutes à l'intérieur, assises par terre sur les tapis. Il y avait quand même quelques garçons à l'intérieur car ils voulaient profiter de l'accès à la télévision.

Enfin bref, après avoir discuté et mangé un peu, je suis partie. Je suis ensuite allée à la deuxième maison, où mon père d'accueil se trouvait déjà. Comme c'était déjà bien entamé, les gens étaient plus éparpillés et il n'y avait plus de distinction entre les femmes et les hommes. J'ai remangé (6e repas de ma journée, oups) puis je suis retournée à la maison.

Les hommes à l'extérieur, la plupart en vêtements traditionnels.

Les femmes à l'intérieur (et les quelques garçons devant la télé).

Le buffet.

Vu générale de l'extérieur. On voit des femmes qui se servent au buffet à droite.


Voilà pour ça, j'espère que vous avez apprécié cette brève description de cette tradition malaise.

À la prochaine,

Alice

lundi 21 octobre 2013

Bilan III

Bonjour à tous!

Aujourd'hui, ça fait officiellement 100 jours consécutifs que je suis sobre. Mais ce n'est pas le sujet de mon article, je ne suis pas venue en Malaisie pour récurer une quelconque dépendance. Je vous écrit plutôt parce que ce vendredi 18 octobre, cela faisait exactement 3 mois que je suis en Malaisie! Vous avez donc droit à mon petit bilan du mois.

Il ne s'est sérieusement pas passé grand chose durant le dernier mois. La routine est bien installée, et la vie suit son cours. J'ai quand même eu quelques petits événements, comme une sortie scolaire à une cérémonie sur le mois de la langue nationale; être entraînée de force dans un spectacle de l'école où j'ai eu une journée pour apprendre les paroles d'une chanson et une petite chorégraphie avec mes coéquipières pour finalement présenter devant toute l'école, le stress à son comble; quelques sorties à Kuala Lumpur avec d'autres étudiants en échange pour des «leçons» de malais supposément obligatoires à la maison de ma présidente de chapitre et, pour finir, le fameux Hari Raya Haji dont je vous ai parlé hier (Deux articles en deux jours, que se passe-t-il avec toi Alice?).

Mise à part ces quelques activités, ma vie était très routinière. Aller à l'école, jouer au badminton les mercredis, vendredis et dimanches, jogger les mardis soirs et samedis matin, faire des siestes quand je peux revenir à la maison après l'école, glander à l'école ou aller chez mon amie lorsque je dois attendre jusqu'à 5h15 pour revenir, manger de la crème glacée le soir pour calmer ma rage de sucre... Bref, la routine.

Pour ce qui est de l'école, je vous avoue trouver que le temps passe lentement. Les matins sont beaucoup trop... matinales et les journées sont longues. Et il arrive très souvent que les professeurs ne se présentent pas ou ne nous donnent pas de travail à faire alors dans ce temps-là, on doit simplement attendre que le temps passe en essayant de s'occuper - dormir, lire, étudier, parler, etc - en restant bien sagement en classe. C'est quand même vraiment ennuyeux.

Mais il n'y a pas que du négatif, je sais que l'école, même si je ne le ressens pas toujours, est très profitable pour moi, car j'y apprends beaucoup. En particulier pour ce qui a trait à la langue, à tous les jours j'apprends des nouveaux mots et c'est à l'école où je peux pratiquer le plus mon malais car j'essaie le plus possible d'interagir avec les autres étudiants et les professeurs avec cette langue. J'ai d'ailleurs remarqué une grande amélioration à mon niveau durant le dernier mois, c'est très encourageant. Mon vocabulaire n'arrête pas de s'élargir et mon niveau de compréhension aussi. Je suis même rendue capable de lire des textes dans mon manuel d'histoire sans abandonner après un paragraphe comme avant, car maintenant, sans comprendre tous les mots, je suis capable de saisir l'idée générale de ce qui est dit. C'est sûr que des mots comme sosial, politik et ekonomi m'aident à garder le focus un peu! J'adore aussi mon cours d'additional mathematics, car j'apprends des nouvelles choses - comme les calculs différentiels - et ceux qui me connaissent savent que j'adore les maths. Mais j'ai pris trop d'avance dans le cahier lorsque je m'ennuyais en cours et maintenant je n'ai plus rien à faire depuis deux semaines... oups.

L'autre principale partie de ma routine est le sport. Je suis heureuse d'avoir une routine sportive et de pouvoir m'entraîner à mon club trois fois semaines. Le badminton est vraiment une source de motivation, si par moment je me surprends à avoir hâte de revenir au Québec et de trouver qu'il me reste beaucoup trop de temps encore, je me ressaisi en pensant au badminton et en me disant que justement, tant mieux s'il me reste encore beaucoup de temps, je devrais être heureuse d'avoir encore sept mois d'entraînements malaisiens devant moi, car ce n'est pas une chance qui est donnée à tout le monde. Et aussi, lorsque je jogge, je me sens bien. C'est agréable de se créer une bulle avec de la musique et de se pousser à fond, et c'est surtout encourageant quand on constate qu'on améliore notre temps. Bon, c'est sûr que ce n'est pas les meilleures conditions, il fait très chaud (je dois donc courir le soir ou le matin), je dois porter des pantalons trois quarts et je dois me contenter de faire des aller-retours dans mon quartier fermé en forme de E (un aller-retour égale à environ 500m). Ce n'est pas aussi plaisant qu'un bon tour de piste cyclable autour du lac Osisko, mais au moins, ici, je peux courir à l'année longue. Au Québec, j'aurais déjà accroché mes souliers pour l'hiver et tout serait à recommencer l'été prochain, alors que maintenant je peux continuer d'améliorer mon cardio. Il faut se rattacher au côté positif!

En résumé, je suis en effet bien ancrée dans la routine, qui n'est pas toujours extraordinaire, car une routine reste une routine, mais je me sens bien. Je me sens comme à la maison et je me sens complètement intégrée à mon nouvel environnement. Et le moral est là, je ne m'ennuie plus du Québec et il ne m'est pas arrivé une seule fois durant le dernier mois de me sentir triste ou d'avoir vraiment un down. Et avant, lorsque je faisais de la route, je me mettais souvent à penser beaucoup trop jusqu'à me rendre triste. Maintenant, quand je suis en voiture, au contraire, je me sens complètement paisible et j'adore admirer les paysages qui m'entourent. Ça m'a pris plus d'un mois avant de constater la beauté du décor, mais tranquillement je me suis mise à observer et chaque fois que j'empruntais la route me ramenant à la maison, le paysage me paraissait encore plus beau. Je ne sais pas où j'avais la tête au début, j'étais probablement trop occupée à m'adapter à toutes sortes de choses pour remarquer la fantastique vue autour de moi. J'adore les montagnes, la végétation généreuse et exotique peu importe où on se trouve (même en grande ville) et le charme des petits stands de nourritures sur le bord des routes.

Et lorsque je vous dis que je me sens bien intégrée à la culture, c'est vrai. À un point tel que même si je suis toute seule à la table et qu'il y a des ustensiles à proximité, je vais quand même manger mon riz avec mes mains. À un point tel que j'aime manger du riz maintenant. À un point tel que quand je croise un blanc, je ne le considère plus comme «un semblable» comme avant, je le considère comme «un touriste», alors que je me considère moi-même comme une habitante. Les gens aussi ne semblent plus trop me considérer comme la petite étrangère. À mon club de badminton, c'est maintenant rendu chose normal pour les gars d'avoir une grande fille blonde qui participe aux entraînements. À l'école, les gens ont arrêté de constamment me regarder et ma présence est maintenant rendue banale. Une élève de ma classe m'a même dit un jour: «C'est drôle, j'ai maintenant l'impression que t'es comme une Malaisienne parce qu'on est maintenant habitués que tu sois là.» C'était quelque chose comme ça mais en gros ça voulait dire qu'elle me considérait comme n'importe quel autre élève et que ma présence était maintenant normale. Même lorsque je suis dans des dépanneurs ou centres d'achat, je n'ai plus l'impression d'être considérée comme une étrangère. J'ai l'impression que les gens me traitent différemment qu'auparavant, même s'ils ne me connaissent pas. La plupart des caissiers me disent même le prix en malais maintenant au lieu qu'en anglais, comme s'ils savaient que je pouvais comprendre...

Donc voilà brièvement mon troisième mois en Malaisie: routinier mais confortable.


À la prochaine,

Alice


dimanche 20 octobre 2013

Sacrifions des animaux en famille et entre amis

Bonjour à tous.

Le titre de cet article se trouve à être le résumé d'une fête musulmane célébrée partout dans le monde et à laquelle j'ai assistée.

Cette fête est nommée Hari Raya kedua (deuxième fête/ deuxième grand jour) en Malaisie et se trouve à être la deuxième étape au Hari Raya, qui était célébré pour marquer la fin du Ramadan et dont je vous avais parlé antérieurement. Cette célébration peut aussi être nommée Hari Raya Haji ou Hari Raya Korban (fête du sacrifice), mais est plus connue internationalement sous le nom Aïd-el-Adha.

En famille

Lundi et mardi, j'avais congé scolaire pour l'occasion. Donc, lundi, ma mère, mon frère, ma sœur d'accueil et moi sommes retournés au Kampung (village familiale). Nous avons dormi là et le lendemain, mardi 15 octobre, c'était la journée officielle du Aïd-el-Adha. Le matin, pareillement à l'Aïd-el-Fitr, les garçons se lèvent très tôt et vont à la mosquée prier en vêtements traditionnels.

Vers 10 heures, après avoir enfilé un baju kurung (vêtement traditionnel malais) et un voile, j'ai suivi mon oncle (24 ans, très beau jeune homme), mon frère et un jeune cousin à la mosquée pour assister au sacrifice. Généralement, la plupart des femmes ne suivent pas et c'est surtout les garçons qui vont regarder ceci, mais j'ai demandé à suivre parce que je veux vivre le plus de choses possibles pendant que je suis en Malaisie, même les choses les plus tordus et auxquelles je n'aurais peut-être jamais pensé faire.

J'ai donc assisté au sacrifice de trois vaches. Ils commençaient par attacher le cou du bœuf avec une grosse corde reliée à un arbre. Ensuite, ils maîtrisent la vache et lui tranchent la gorge au couteau. Puis, ils attendent que la vache meure - ce qui peut prendre plusieurs longues minutes durant laquelle elle se tortille, a des spasmes et peut aussi faire des sons. Selon leurs dires, ils attendent que l'âme soit complètement sorti du corps pour continuer le travail. Ensuite, ils épluchent l'animal. En d'autres mots, ils enlèvent sa peau, avec de grands couteaux. Lorsque cette étape est terminée et que l'amas de viande est maintenant étendu sur le dos sur ce qui était son enveloppe corporel il n'y a pas si longtemps, ils entament le démembrement. Une patte par ci, une patte par là. Chaque morceau était ensuite apporté plus loin, avec une brouette, où d'autres hommes se chargeaient du travail de boucherie. (photos plus bas, âmes sensibles s'abstenir)

Nous ne sommes pas restés longtemps, car mon jeune cousin, dont j'estime l'âge à environ 5 ou 6 ans, ne se sentait pas très bien et voulait rentrer. Je crois que c'était la première fois qu'il assistait à ça, c'était un peu comme son initiation. J'avoue que je ne me sentais pas super bien non plus à regarder tout ça mais je ne m'en plaignais pas, je voulais le «subir» jusqu'au bout.

Sinon, cette fête est aussi généralement célébrée avec beaucoup de nourriture. Les femmes vont cuisiner toute la journée pour la famille. Il y a aussi un met traditionnel - une sorte de sauce aux arachides mangée avec du riz compacté - qui est cuisiné pour l'occasion. C'est vraiment délicieux (eh oui j'aime le riz maintenant). 

Pour ce qui est du sacrifice, il est effectué dans le but de commémorer la soumission d'Ibrahim à son Dieu, symbolisée par l'épisode où il accepte d'égorger son alors unique fils Ismaël sur l'ordre de Dieu. Voilà ce qu'en dit Wikipédia, mais je vous avoue que lorsque je demande directement aux musulmanes quelle est la signification de cette fête, la réponse est assez floue et eux-mêmes ne semblent pas vraiment le savoir. J'ai constaté que la majorité des gens ne se posent pas vraiment de questions, ils vont connaître toutes les règles et coutumes de leur religion comme le fond de leur poche mais ne connaissent pas l'origine, la signification ou la cause de celles-ci. Ils ne font que suivre ce qui leur ont été enseigné, sans jamais se demander «Pourquoi?». 

Aussi, après un sacrifice, la viande est séparée en trois parties. Un tiers va à la famille, un tiers va aux amis/voisins/entourage et le dernier tiers est distribué aux personnes moins nantis. Je ne sais pas si cette règle est toujours totalement respectée,  mais c'est ce que veut la coutume. 

Le malheureux processus de la mort. À ce moment elle était encore en train
d'avoir des spasmes et de meuler.
Fraîchement décédée. Le reste du travail peut commencer.
 (Je sais ce n'est pas la même vache mais c'est juste pour
 montrer les étapes)

On enlève la peau.

Les membres commencent à partir.

Ma grand mère qui cuisine.
Un repas en famille. Au menu: de la soupe au bœuf.

Entre amis

Vendredi, il y avait plusieurs activités à l'école. Pour les form 3 et form 4, notre activité consistait à regarder et/ou participer au sacrifice d'une vache et de sept moutons. Eh oui, belle activité scolaire vous me direz. 

Il y avait des personnes de l'extérieur qui s'occupaient du gros du travail, mais certains élèves ont aussi aidé à arranger la viande ou à tout simplement tenir la laisse (corde) des moutons qui attendaient leur tour. Certains professeurs ont aussi aidé à séparer la viande, car chaque élève avait droit de retourner chez lui avec une petite portion et le tout était bien calculé.

Lorsqu'un animal se faisait trancher la gorge, il se formait toujours un cercle d'élèves autour de la scène, et tous en cœur, ils chantaient des chants religieux en arabe. Je crois que c'était pour bénir l'animal, ils priaient pour lui.

Je me suis faite demander à plusieurs reprises par des élèves «Awak takut?», qu'on peut traduire à «As-tu peur?». Je ne comprends pas de quoi je pourrais avoir peur, que le couteau revole dans les airs et atterrisse sur moi ou bien que le fantôme d'un animal vienne me hanter? Non, je n'avais pas peur, j'avais simplement pitié. Mais comme je ne savais pas comment dire que j'avais pitié d'eux, je répondais «No, saya tak takut, saya sedih untuk mereka», qu'on peut traduire à «Non, je n'ai pas peur, je suis triste pour eux». Bon, ça a été une bonne occasion d'apprendre un nouveau mot, je sais maintenant comment dire que j'ai pitié de quelque chose puisque j'en ai profiter pour demander à mon amie comment qu'on disait ça. Enfin bref, j'ai demandé quelques fois à des élèves comment ils se sentaient, s'ils avaient aussi pitié pour eux et ils me répondaient toujours: «Non, parce qu'ils vont aller au paradis». Je n'ai pas pu m'empêcher de penser «Donc tu pourrais aussi trancher la gorge d'un humain et te dire que c'est correct parce qu'il va aller au paradis?» mais je me suis évidemment abstenu.

Les animaux, qui n'ont aucune idée de ce qui leur attend.


Je vais vous épargner la suite...

Autour d'un mouton, en train de chanter en cœur.

La boucherie commence. À droite, c'est un élève de ma classe.


Des professeurs qui préparent les portions, en prenant soin de peser les
 quantités.

Mes yeux fatigués et ma portion à rapporter.

Un peu plus joyeux: avec mes amies/collègues de classe.

Conclusion

Certains d'entre vous doivent se dire que c'est horrible de tuer des animaux comme ça dans le cadre d'une fête. Et vous n'y avez pas assisté, les quelques photos ne valent rien comparativement à y être en personne et y assister en direct.

Mais sérieusement, ce que ces gens font, ce n'est pas pire que ce que vous tous (ou presque) faites en allant à l'épicerie et en achetant votre steak pour le souper. Toute la viande que vous mangez a vécu le même sort. Donc au contraire, je ne trouve pas mauvais que les gens regardent des sacrifices d'animaux comme ça, parce qu'au moins, ils sont conscients d'où la viande provient et de tout le processus qui a été fait avant de parvenir à leur assiette. J'avoue tout de même qu'en regardant ça, ça donne presque envie de devenir végétarienne. S'il fallait assister à la mort de tous les animaux qu'on mangeait, il y aurait probablement moins de gens qui mangeraient de la viande sur la Terre... Mais c'est facile d'être aveugle et insensible aux meurtres d'animaux quand nous pouvons simplement acheter du beau steak haché bien emballé à l'épicerie du coin.



Je vous laisse là-dessus, en espérant que vous apprécierai votre prochain repas!

À la prochaine,

Alice

samedi 5 octobre 2013

La routine scolaire et ses particularités

Bonjour à vous!

Je vous avais fait un petit résumé de l'école malaisienne il y a de cela deux mois, mais ce n'était qu'une première impression. Maintenant que je connais beaucoup mieux les habitudes scolaires, je vais vous expliquer le tout, car il y a certains éléments de routine vraiment spéciaux.



Lundi

À tous les lundis matins, on a une assemblée. Donc, à 7h30, on se trouve à la place principale, tous assis en indiens par terre, en ligne, avec notre classe. C'est très ordonné: les garçons sont en avant (pour ne pas être déconcentrés par les filles), et les colonnes vont de gauche à droite selon le niveau et la classe. Les form 6 sont les seuls élèves qui s'assoient sur une chaise. C'est un niveau optionnel à la fin du secondaire qui sert à prendre des cours enrichis, des cours qu'on a échoué, ou quelque chose comme ça. Les enseignants sont assis à l'avant, sur des chaises bien sûr, face à l'auditoire. 

Une personne nous demande de nous lever, puis ça se passe comme suit:

  1. Un garçon (élève) est à l'avant et lance deux cris de soldats (je ne comprends pas ce qu'il dit) et on doit lever un de nos genoux puis le déposer de façon à ce que nos deux pieds soient à largeur d'épaule, et notre corps bien droit.
  2. Appel à la prière. Une enseignante récite la prière en arabe, accompagnée par tous les élèves musulmans, qui la connaissent par cœur (la prière, pas la prof). Ils placent leurs mains un peu comme on boit de l'eau sans verre, et à la fin de la prière ils passent leurs mains sur leur visage. Pendant ce temps, les 13 non-musulmans de l'école attendent sagement.
  3. Une prefect de ma classe (ceux en jaune) parle au micro et nous dit de lever la main. On lève notre main droite à la hauteur de notre visage, avec la paume de main ouverte vers l'avant. Puis, on répète après elle, après chaque petit bout de phrase. On récite un espèce de serment, disant qu'on doit respecter nos parents et les enseignants, qu'on doit étudier et travailler fort, agir avec discipline, représenter fièrement SMK Putrajaya Presint 14(1), etc.
  4. On chante une partie de l'hymne national malaisien (ou peut-être en entier mais c'est tellement court que ça se peut comme pas) et pendant ce temps, un élève fait monter le drapeau malaisien, en se rythmant bien pour qu'il atteigne le haut du poteau exactement quand la chanson finit.
  5. On répète le même processus avec l'hymne de la ville (Putrajaya) et le drapeau municipal. 
  6. On chante une autre chanson dont je ne connais pas la signification.
  7. On se rassoit. 
  8. Plusieurs enseignants vont au micro parler. Ils font des messages, remettent des prix gagnés par des élèves dans des compétitions antérieures quelconques, critiquent notre malpropreté à la cafétéria, nous annoncent des événements à venir, racontent qu'un élève de sexe masculin est entrer dans la salle de bain des filles et que c'est inacceptable, etc. Deux prefects (de ma classe encore) introduisent les professeurs qui ont à parler à chaque fois.
  9. On se lève.
  10. Pour conclure le tout, on chante l'hymne de notre école en regardant, le dernier drapeau - celui de notre école - monter.
Cette assemblée dure entre 30 et 60 minutes, dépendamment du nombre de messages que les enseignants ont à passer. On entre ensuite en classe et on se prépare pour une longue et pénible journée (je déteste les lundis).

Voici un petit rappel de la place principale. On voit les trois drapeaux à l'avant.


Mardi

Mardi matin, on a une période de lecture de 30 minutes à la place principale. Toujours assis bien sagement en lignes. Les bibliothécaires, qui se trouvent à être des élèves portant un dossard orange fluo, nous apportent des petits livres ainsi que notre cahier de lecture. Chaque fois qu'on lit un livre, on est sensés écrire un petit résumé dans notre cahier et donner une note ainsi que dire pourquoi on l'a aimé/ pas aimé. Je vous laisse imaginer environ 800 élèves assis inconfortablement par terre en train de lire en silence, ça doit être curieux à voir.

Par contre parfois, nous ne faisons pas que lire. Par exemple, une fois nous avons chanté des chansons et une autre fois nous avons pratiqué notre prononciation avec des phrases difficiles (style «Les chaussettes de l'archi du chesse sont-elles sèches ou archi-sèches?»), le tout animé par une enseignante. 



Mercredi

Les mercredis, c'est la journée des activités co-curriculum. Chaque élève doit obligatoirement joindre trois activités (pas plus, pas moins). C'est séparé en trois catégories: jeux et sports, clubs et uniforme de cadet. Ça se passe après les cours, de 3 à 5 heures. Une semaine sur deux, c'est sport et jeux seulement et l'autre semaine c'est club et uniforme. Je vais expliquer un peu c'est quoi.

  • Clubs: On doit choisir entre géographie/histoire, mathématiques/sciences, malais, anglais, économie ou d'autres choix que j'ai oubliés. Bref, ça fait juste te rajouter une période d'école, c'est pas génial. Mais selon mes observations et les dires de mon amie, on fait pas mal rien durant cette heure-là, en général on fait juste jaser avec le prof...
  • Jeux et sports: On a le choix entre volleyball, badminton, ping-pong, netball, soccer, hockey sur gazon, échecs, etc (ou pas, je pense n'avoir rien oublié, mais au cas où).
  • Uniforme/cadet: Ça c'est plus compliqué. On est tous des cadets de quelque chose. Il y a cadet scout, cadet scout féminin, cadet police, cadet croix-rouge, cadet pompier, cadet putri Islam, et deux autres que je ne sais pas c'est quoi. Le mercredi, on doit porter notre uniforme de cadet. Le mien (police), consiste à un chandail bleu marin avec un symbole de police à l'avant et écrit «kadet polis Malaysia» en arrière. Je dois porter des pantalons sports ou des pantalons propres bleus ou noirs. Les uniformes ressemblent tous à ça mais de couleurs différentes.
 Ces activités co-curriculum ont terminé la semaine dernière, parce que les examens finaux approchent et certains ont même déjà commencé. Heureusement, parce que je déteste le cadet police! Dans ce groupe, on fait des marches militaires. J'ai passé seulement une heure à faire ça et j'avais le goût de mourir. T'as le soleil qui te tape dessus, tu portes des vêtements longs, tu sus et tu dois rester debout, bien droit et avoir l'air sérieux. Donc, maintenant que c'est fini, je peux en profiter pour aller à un entraînement de badminton à la place, yeah! 

Donc, pour revenir à nos matins, le mercredi, on se retrouve encore une fois à la place principale. Cette fois-ci, on ne s'assoit pas avec notre classe, mais bien avec notre groupe d'uniforme. Les professeurs commencent par demander à toutes les personnes qui n'ont pas leur uniforme de cadet de se lever. Ensuite, ils doivent aller à l'avant et ils ont une punition, style nettoyer la cafétéria, ranger des trucs, etc. Ça m'est arrivé une fois, mais comme j'ai impressionnée la professeur en lui expliquant en malais que j'avais oublié mon chandail de police chez mon amie qui habite à Puchong mais que je l'aurai la semaine prochaine, et aussi surement parce que je suis étrangère, elle m'a permis de me rasseoir et j'ai échappé à la punition. Ça dure généralement quelques minutes seulement, avec un ou deux petits messages, puis on regagne notre classe. 

 Le mercredi et le jeudi, la dernière période de 40 minutes de la journée est sacrifiée pour aller prier. Les musulmans vont donc prier pendant ce temps-là quelque part dans l'école, alors que moi je vais à la cafétéria manger ou bien que je retourne chez nous (ou attend mon taxi pour aller au badminton). Il y a aussi une pièce où les filles menstruées doivent aller. Eh oui, quand on est dans notre semaine, on ne peut pas prier. Parce que c'est malpropre et on doit être propre pour parler à Dieu. Donc, les filles concernées se retrouvent dans une classe en attendant. Donc tout le monde sait si t'es dans ta semaine... Pauvres elles, j'aimerais pas ça.



Vendredi

Le vendredi matin, il y a une grosse assemblée avec tous les musulmans et ça dure près d'une heure. Ils prient, écoutent des chants religieux et des trucs comme ça. Pendant ce temps, je suis avec les autres non-musulmans à la cantine ou on lit, parle, étudie, etc. Les musulmans changent d'uniforme pour cette journée. Les filles remplacent la longue jupe bleu ciel du baju kurung par une jupe d'un espèce de carreauté bleu et jaune. Les gars enfilent un Baju Melayu (pantalon et chandail à manches longues du même tissu) blanc et portent le tissu carreauté par dessus en espèce de jupe courte. Certains portent aussi un chapeau noir. Et, le vendredi, l'école finit à 12h15 comme c'est une journée de prière pour les musulmans. L'après-midi, tous les garçons doivent aller à la mosquée prier. ça fait mon affaire, j'aime bien le fait de finir à 12h15 le vendredi!
L'assemblée religieuse vu de la cantine.



La fébrilité dans l'air

Cette semaine a commencé un gros examen nommé PMR, qui est étendu sur une semaine. Il s'agit d'un événement très important pour les form 3, parce que c'est ce qui va déterminer s'ils vont poursuivre leurs études en science, en économie ou en art pour la suite de leur secondaire. Les élèves se préparent toute l'année pour ça. Même chose pour les élèves de form 5, qui devront eux aussi passé un gros examen important bientôt nommé SPM. Étant en form 4, j'évite ces examens. Et par le fait même l'inconvénient d'être entouré par des élèves qui ne font qu'étudier, et qui n'aurait pas le temps de socialiser avec moi.

Le PMR commençait donc, partout à travers le pays, ce mercredi. Mardi, après la période de lecture, tous les enseignants se sont mis en lignes à l'avant de la place principale et, après un message au micro, tous les élèves de form 3 se sont levés. Ils se sont mis en file, en commençant par les garçons, et ils ont salué chaque professeur, un par un. Le tout était accompagné d'une musique d'ambiance, qui rajoutait à l'atmosphère de stress qu'on pouvait déjà ressentir. En général, les élèves faisaient des salams aux enseignantes et donnaient des poignées de mains ou un signe de tête aux quelques enseignants. J'ai aussi vu une élève donner un câlin à une professeure et ralentir la file, elle devait être très importante pour elle. Durant ce petit cérémonial, les enseignants en profitent pour pardonner aux élèves leurs erreurs passées et leur envoyer le meilleur des bonnes chances pour l'examen. Avec tous les autres élèves de l'école assis à regarder en silence et les élèves de form 3 qui défilaient tranquillement, accompagnés par la musique, on sentait vraiment l'anxiété dans l'air, c'était quelque chose.





Voilà, j'ai fini. J'ai l'impression que c'est tellement impertinent et peu intéressant ce que j'ai écrit mais je me rappelle que au début toutes ces petites choses m'épataient et me paraissaient si spéciales et curieuses, alors j'imagine que ça peut être de même pour vous. De mon côté, ça fait maintenant partie de ma routine et c'est rendu plutôt banal. Et je suis désolée pour mon français, je ne me suis pas vraiment appliquée pour faire des belles phrases...


À la prochaine!

Alice