dimanche 20 octobre 2013

Sacrifions des animaux en famille et entre amis

Bonjour à tous.

Le titre de cet article se trouve à être le résumé d'une fête musulmane célébrée partout dans le monde et à laquelle j'ai assistée.

Cette fête est nommée Hari Raya kedua (deuxième fête/ deuxième grand jour) en Malaisie et se trouve à être la deuxième étape au Hari Raya, qui était célébré pour marquer la fin du Ramadan et dont je vous avais parlé antérieurement. Cette célébration peut aussi être nommée Hari Raya Haji ou Hari Raya Korban (fête du sacrifice), mais est plus connue internationalement sous le nom Aïd-el-Adha.

En famille

Lundi et mardi, j'avais congé scolaire pour l'occasion. Donc, lundi, ma mère, mon frère, ma sœur d'accueil et moi sommes retournés au Kampung (village familiale). Nous avons dormi là et le lendemain, mardi 15 octobre, c'était la journée officielle du Aïd-el-Adha. Le matin, pareillement à l'Aïd-el-Fitr, les garçons se lèvent très tôt et vont à la mosquée prier en vêtements traditionnels.

Vers 10 heures, après avoir enfilé un baju kurung (vêtement traditionnel malais) et un voile, j'ai suivi mon oncle (24 ans, très beau jeune homme), mon frère et un jeune cousin à la mosquée pour assister au sacrifice. Généralement, la plupart des femmes ne suivent pas et c'est surtout les garçons qui vont regarder ceci, mais j'ai demandé à suivre parce que je veux vivre le plus de choses possibles pendant que je suis en Malaisie, même les choses les plus tordus et auxquelles je n'aurais peut-être jamais pensé faire.

J'ai donc assisté au sacrifice de trois vaches. Ils commençaient par attacher le cou du bœuf avec une grosse corde reliée à un arbre. Ensuite, ils maîtrisent la vache et lui tranchent la gorge au couteau. Puis, ils attendent que la vache meure - ce qui peut prendre plusieurs longues minutes durant laquelle elle se tortille, a des spasmes et peut aussi faire des sons. Selon leurs dires, ils attendent que l'âme soit complètement sorti du corps pour continuer le travail. Ensuite, ils épluchent l'animal. En d'autres mots, ils enlèvent sa peau, avec de grands couteaux. Lorsque cette étape est terminée et que l'amas de viande est maintenant étendu sur le dos sur ce qui était son enveloppe corporel il n'y a pas si longtemps, ils entament le démembrement. Une patte par ci, une patte par là. Chaque morceau était ensuite apporté plus loin, avec une brouette, où d'autres hommes se chargeaient du travail de boucherie. (photos plus bas, âmes sensibles s'abstenir)

Nous ne sommes pas restés longtemps, car mon jeune cousin, dont j'estime l'âge à environ 5 ou 6 ans, ne se sentait pas très bien et voulait rentrer. Je crois que c'était la première fois qu'il assistait à ça, c'était un peu comme son initiation. J'avoue que je ne me sentais pas super bien non plus à regarder tout ça mais je ne m'en plaignais pas, je voulais le «subir» jusqu'au bout.

Sinon, cette fête est aussi généralement célébrée avec beaucoup de nourriture. Les femmes vont cuisiner toute la journée pour la famille. Il y a aussi un met traditionnel - une sorte de sauce aux arachides mangée avec du riz compacté - qui est cuisiné pour l'occasion. C'est vraiment délicieux (eh oui j'aime le riz maintenant). 

Pour ce qui est du sacrifice, il est effectué dans le but de commémorer la soumission d'Ibrahim à son Dieu, symbolisée par l'épisode où il accepte d'égorger son alors unique fils Ismaël sur l'ordre de Dieu. Voilà ce qu'en dit Wikipédia, mais je vous avoue que lorsque je demande directement aux musulmanes quelle est la signification de cette fête, la réponse est assez floue et eux-mêmes ne semblent pas vraiment le savoir. J'ai constaté que la majorité des gens ne se posent pas vraiment de questions, ils vont connaître toutes les règles et coutumes de leur religion comme le fond de leur poche mais ne connaissent pas l'origine, la signification ou la cause de celles-ci. Ils ne font que suivre ce qui leur ont été enseigné, sans jamais se demander «Pourquoi?». 

Aussi, après un sacrifice, la viande est séparée en trois parties. Un tiers va à la famille, un tiers va aux amis/voisins/entourage et le dernier tiers est distribué aux personnes moins nantis. Je ne sais pas si cette règle est toujours totalement respectée,  mais c'est ce que veut la coutume. 

Le malheureux processus de la mort. À ce moment elle était encore en train
d'avoir des spasmes et de meuler.
Fraîchement décédée. Le reste du travail peut commencer.
 (Je sais ce n'est pas la même vache mais c'est juste pour
 montrer les étapes)

On enlève la peau.

Les membres commencent à partir.

Ma grand mère qui cuisine.
Un repas en famille. Au menu: de la soupe au bœuf.

Entre amis

Vendredi, il y avait plusieurs activités à l'école. Pour les form 3 et form 4, notre activité consistait à regarder et/ou participer au sacrifice d'une vache et de sept moutons. Eh oui, belle activité scolaire vous me direz. 

Il y avait des personnes de l'extérieur qui s'occupaient du gros du travail, mais certains élèves ont aussi aidé à arranger la viande ou à tout simplement tenir la laisse (corde) des moutons qui attendaient leur tour. Certains professeurs ont aussi aidé à séparer la viande, car chaque élève avait droit de retourner chez lui avec une petite portion et le tout était bien calculé.

Lorsqu'un animal se faisait trancher la gorge, il se formait toujours un cercle d'élèves autour de la scène, et tous en cœur, ils chantaient des chants religieux en arabe. Je crois que c'était pour bénir l'animal, ils priaient pour lui.

Je me suis faite demander à plusieurs reprises par des élèves «Awak takut?», qu'on peut traduire à «As-tu peur?». Je ne comprends pas de quoi je pourrais avoir peur, que le couteau revole dans les airs et atterrisse sur moi ou bien que le fantôme d'un animal vienne me hanter? Non, je n'avais pas peur, j'avais simplement pitié. Mais comme je ne savais pas comment dire que j'avais pitié d'eux, je répondais «No, saya tak takut, saya sedih untuk mereka», qu'on peut traduire à «Non, je n'ai pas peur, je suis triste pour eux». Bon, ça a été une bonne occasion d'apprendre un nouveau mot, je sais maintenant comment dire que j'ai pitié de quelque chose puisque j'en ai profiter pour demander à mon amie comment qu'on disait ça. Enfin bref, j'ai demandé quelques fois à des élèves comment ils se sentaient, s'ils avaient aussi pitié pour eux et ils me répondaient toujours: «Non, parce qu'ils vont aller au paradis». Je n'ai pas pu m'empêcher de penser «Donc tu pourrais aussi trancher la gorge d'un humain et te dire que c'est correct parce qu'il va aller au paradis?» mais je me suis évidemment abstenu.

Les animaux, qui n'ont aucune idée de ce qui leur attend.


Je vais vous épargner la suite...

Autour d'un mouton, en train de chanter en cœur.

La boucherie commence. À droite, c'est un élève de ma classe.


Des professeurs qui préparent les portions, en prenant soin de peser les
 quantités.

Mes yeux fatigués et ma portion à rapporter.

Un peu plus joyeux: avec mes amies/collègues de classe.

Conclusion

Certains d'entre vous doivent se dire que c'est horrible de tuer des animaux comme ça dans le cadre d'une fête. Et vous n'y avez pas assisté, les quelques photos ne valent rien comparativement à y être en personne et y assister en direct.

Mais sérieusement, ce que ces gens font, ce n'est pas pire que ce que vous tous (ou presque) faites en allant à l'épicerie et en achetant votre steak pour le souper. Toute la viande que vous mangez a vécu le même sort. Donc au contraire, je ne trouve pas mauvais que les gens regardent des sacrifices d'animaux comme ça, parce qu'au moins, ils sont conscients d'où la viande provient et de tout le processus qui a été fait avant de parvenir à leur assiette. J'avoue tout de même qu'en regardant ça, ça donne presque envie de devenir végétarienne. S'il fallait assister à la mort de tous les animaux qu'on mangeait, il y aurait probablement moins de gens qui mangeraient de la viande sur la Terre... Mais c'est facile d'être aveugle et insensible aux meurtres d'animaux quand nous pouvons simplement acheter du beau steak haché bien emballé à l'épicerie du coin.



Je vous laisse là-dessus, en espérant que vous apprécierai votre prochain repas!

À la prochaine,

Alice

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