mercredi 12 mars 2014

பொங்கல் - Festival indien du Pongal


Bonjour à tous! 

Je suis de retour, pour les quelques personnes qui me suivent encore. Cette fois-ci, je vous parlerai d'une nouvelle expérience à saveur hindoue que j'ai eu la chance de vivre au milieu du mois de février.

La Malaisie - Devoir s'attendre à tout, en tout temps

Me voilà donc bien tranquille, le jeudi 13 février en fin d'après-midi, envisageant ma dernière journée d'école de la semaine le lendemain qui sera ensuite suivie par une fin de semaine calme à la maison, avec certains entraînements de badminton pour m'occuper un peu.

Mais...non! On est en Malaisie, on n'oublie pas. Là où tout est possible, et où on ne peut jamais prévoir ce qui nous attend dans les prochains jours, voir les prochaines heures. Donc, étendue sur le tapis du salon avec trois oreillers et mon toutou d'orignal fièrement québécois nommé Popo (qui était un cadeau pour mon frère d'accueil mais qui a été rejeté), j'essayais d'attraper un peu de Jeux Olympiques à la télé afin d'encourager mes athlètes canadiens en cette chaude saison sèche. J'en profitai aussi pour ouvrir mon Ipod et faire un petit tour de Facebook. Qu'est-ce que je trouve? Un Italien en échange avec moi en Malaisie a posté un message sur notre groupe pour demander combien de personnes allaient venir à Ipoh en fin de semaine pour le festival indien. Le festival indien... De quessé qui parle lui? 

Je n'étais pas la seule qui ne semblait pas au courant et au bout de plusieurs heures à s'envoyer des messages entre AFSers, j'ai finalement obtenu l'information que nous avions rendez-vous à KL Sentral (Station de train au centre de tout) à 19h le lendemain, jour de la Saint-Valentin. Nous devrions revenir le dimanche pour 12h30. Parfait! Je vais pouvoir aller à mon badminton vendredi après-midi, demander à mon taxi de m'apporter à la station de train Kajang après l'entraînement, me rendre à Kuala Lumpur en train, prendre part aux activités, revenir à Kuala Lumpur le dimanche à midi et demi, prendre le train jusqu'à la station près de mon club, attraper un taxi pour me rendre au club, avoir mon entraînement, puis revenir à la maison en soirée. Je n'ai qu'à laisser mes vêtements en sueur, mes souliers, mes raquettes et mes gourdes d'eau au club pour la fin de semaine entre mes deux entraînements, et poursuivre avec ma valise. Ce n'est pas la fin de semaine tranquille à laquelle je m'attendais, mais tant mieux, c'est excitant! 

Je trouvais quand même un peu frustrant que AFS ne m'ait pas avisée personnellement des activités. Mais finalement, lorsque j'ai expliqué mes plans à mon père d'accueil, il m'a dit: «Ah oui! Ta présidente de chapitre m'a envoyé un texto à ce sujet aujourd'hui.» Donc, pendant que j'étais en train de me débrouiller avec Facebook, il avait l'information depuis tout ce temps... Heureusement que cet Italien a posté sur Facebook, sinon je ne l'aurais probablement jamais su.

Espagne, Allemagne, États-Unis, Italie, Argentine, Canada, France!
Enfin bref, le vendredi, j'ai atteint KL Sentral aux alentours de 18h30, me suis trouvé un endroit pour manger tranquillement, puis je me suis rendue au point de rencontre à 19h pile, en prenant mon temps. Lorsque je suis arrivée, une bénévole attendait et m'a dit: «Hurry up! The train is going in 5 minutes!». Trois autres étudiants sont arrivés en même temps que moi et nous avons couru jusqu'au train. Il y a vraiment juste AFS Malaisie pour nous donner rendez-vous à 19h, lorsque le train arrive à 19h... Je m'attendais à ce qu'on se rencontre, puis qu'on parte vers 20h ou quelque chose comme ça. Plusieurs personnes ont manqué le train. Enfin, tout est bien qui finit bien, j'ai atteint juste à temps, mais ce n'est qu'un autre exemple de la mal-organisation malaisienne! En arrivant à Ipoh, après 2h20 de train vers le nord, nous avons aussi du attendre environ 2 heures dans la station de train avant qu'il y ait des gens pour nous chercher et qu'il ne se passe quelque chose. Heureusement que nous étions en bonne compagnie.


Le festival

Notre mère d'accueil, moi, Marteen, Raquel et Alex.
Après le long moment d'attente dans la station de train de Ipoh, nous avons été transportés sur le site où le festival se déroulerait le lendemain. Il était déjà passé minuit. Là-bas, nous avons été divisés dans des familles d'accueil, où nous dormirions durant la fin de semaine. J'ai eu la chance d'être placée avec non pas un, non pas deux, mais bien trois autres étudiants en échange dans la même maison! Il y avait une Espagnole et deux Belges avec moi. Lorsque nous sommes avec d'autres jeunes vivant la même expérience que nous, nous ne pouvons nous empêcher de discuter pendant des heures. Nous avons pendant un moment parler d'indépendance, venant tous de pays ayant cet enjeu de division (Québec-Canada, Belgique flamande-Belgique française, Espagne-Catalogne). C'était intéressant de comparer nos cas et de donner notre point de vue. Je fus la première à me retirer pour dormir, à 4 heure du matin. Le lendemain, notre mère d'accueil temporaire nous a servi à déjeuner et a trouvé des vêtements traditionnels pour ceux qui n'en avaient pas. Elle m'a offert de porter un sari, ce long rectangle de tissu enroulé autour du corps et porté avec un corset, mais j'ai préféré opter pour quelque chose de plus simple, me rappelant comme c'était compliqué a installer et pas des plus confortables (bien que très joli).

Cette journée là, nous célébrions le festival du Pongal, qui est normalement célébré durant le mois de Janvier, un peu avant le Thaipusam. Le festival auquel nous avons participé était donc organisé 1 mois plus tard. C'est la raison pour laquelle je n'avais pas entendu parlé d'une quelconque fête indienne approchant et que j'avais été surprise par la nouvelle. Le Pongal est une fête indienne très ancienne sans titre religieux, indépendante de l'hindouisme. Elle est célébrée dans plusieurs parties de l'Inde, en Malaisie et à Singapour.

Lorsque nous sommes arrivés le matin, l'endroit n'était pas encore achalandé et nous avons donc pris le temps de visiter le site. Il y avait un temple hindou construit aux abords d'une grotte, deux principaux bâtiments et une scène était installée. Le lieu était avoisiné, à une centaine de mètres de là, par un temple et une pagode chinois. Sur le bord de la route, à l'entrée, il y avait quelques stands vendant de la nourriture et des breuvages froids, qui furent nos sauveteurs plus tard lorsque la température a atteint son maximum et que nous étions tous assoiffés. La grotte fut aussi notre refuge à certains moments lorsqu'il faisait trop chaud, conservant une température beaucoup plus fraîche.

Pagode.

Temple chinois, basé dans une mini-cave.

Certaines ont osé s'aventurer avec un sari!

Entrée vers le site principal du festival. Le temple chinois était à gauche.

La scène. Avec une Autrichienne, une Belge et une Américaine.

Derrière la scène.

Temple hindou.

Intérieur du temple. Au fond, marches menant à la grotte.

En route vers le fond de la grotte!

À l'intérieur de la grotte. Un peu flou.

La meilleur qualité d'image que j'ai réussi à avoir dans la grotte...


Pendant que nous visitions les lieux et discutions entres nous, la place se remplissait peu à peu. Après un certain temps, les gens se sont dirigés dans un des deux bâtiments car un repas y était servi. J'avais beaucoup mangé au déjeuner et n'avait pas particulièrement faim, mais lorsqu'il y a une occasion spéciale, j'oublie mon bon sens et trouve le moyen de me remplir l'estomac encore plus! Comme l'hindouisme encourage le végétarisme, bien que ce soit peu respecté en Malaisie, le repas ne contenait pas de viande. Nous avions donc différents choix de mélanges de légumes servis sur du riz, le tout très épicé. Évidemment, comme le veut la culture, nous mangions avec les mains. C'est rigolo de voir des femmes portant un magnifique Sari, des dizaines de bijoux et beaucoup de maquillage faire contraster leur charme en se trempant les mains dans du riz et plein de sauces épicées!

Ma Française préférée faisant un magnifique sourire à la caméra.


Les activités

Comme tout bon festival, plusieurs activités étaient organisées. Le principal but de ce rendez-vous festif était de battre le record du plus grand nombre de riz sucré - traditionnel au festival du Pongal - cuisinés en même temps. Par contre, cet objectif se ferait plus tard, en fin d'après-midi, lorsque la rotation de la Terre apporterait tranquillement le soleil vers le Québec.

Julie (États-Unis) a réussi à s'intégrer dans un groupe.
Les activités étaient plutôt de petites compétitions. Pour les enfants, il y avait un concours de coloriage. À un niveau plus familiale, il y avait un concours de kolam. Il s'agit de motifs ou dessins créés à l'aide de poudre de riz de différentes couleurs.
Quelques kolams.
Chaque groupe inscrit à l'activité possédait un espace rectangulaire pour lui à l'intérieur du deuxième édifice. À la fin, un comité jugeait du gagnant. Malheureusement, nous devions apporter notre riz nous même si nous voulions prendre part à ce concours, donc nous avons du passer notre tour. Par contre, nous avons pu admirer le splendide travail des participants.


Il y avait un autre concours, plus populaire au niveau des jeunes hommes, qui consistait à créer une équipe et tenter, en escaladant les un par-dessus les autres, d'atteindre le plus haut possible sur un tronc d'arbre. Pour rendre le tout plus difficile, l'arbre était lubrifié avec une substance inconnue verte et gluante qui empêchait les gens de s'agripper. Les hommes en ressortaient toujours tout salle de cette substance. C'était assez drôle et impressionnant à voir! 

Yasmin, de l'Allemagne, à l’œuvre!
Puis, un autre jeu était organisé, qui consistait à tenter, à l'aide d'un bâton, les yeux bandés, de faire éclater un pot d'argile suspendu contenant de l'eau. C'est le même principe que la pignata, mais un peu plus difficile car les joueurs commencent leur route à plus de dix mètres de la cible, après s'être faits étourdir avec quelques rotations. Les participants disposent de 60 secondes pour compléter la tâche, et s'aident des cris de la foule pour se diriger. Bien que recevoir de l'eau était très tentant en cette chaude après-midi, je ne me suis pas inscrite car j'avais cette peur de casser le pot d'argile et de le recevoir sur la tête. Plusieurs de mes collègues AFS'ers s'y sont par contre aventurés, et certains ont fait de très bons coups.


Nous avons aussi eu droit à de brèves parades à quelques reprises durant la journée.


Mille et vingt-et-un pots de riz

Comme mentionné précédemment, le principal but du festival était de battre le record du plus grand nombre de pots de riz cuisinés. Pongal, பொங்கல், veut littéralement dire «bouilli par-dessus» en tamoul et un riz sucré, cuisiné avec du lait, est traditionnellement confectionné durant cette fête. Lorsque nous sommes arrivés sur le site, les 1021 places à feux étaient déjà installés. Des briques étaient disposées de façon à placer les pots  sur le dessus et avoir de l'espace pour faire un petit feu en dessous. Le samedi matin, certains d'entre nous ont aidé à transporter des paquets de petit bois pour chaque emplacement.

C'est aux alentours de 18h que les gens commencèrent à se préparer pour cette atelier de cuisine collective. Nous nous sommes déplacés à l'intérieur de l'immeuble décoré de kolams afin de ramasser des pots d'argile joliment peinturés et les transporter aux différentes places à feu. Des gens s'étaient déjà chargés de disposer des sacs contenant les ingrédients nécessaires. Pour faire ça avec style, j'ai décidé de marcher avec un pot sur la tête. Les autres filles ont suivi, et nous avions l'air à de vraies Indiennes. Ok, ce n'est pas vrai, nous avions encore notre peau blanche pour contredire notre appartenance à la race indienne, mais bon. Malheureusement, je n'ai pas de photo de moi en cette position, mais j'en ai trouvées de certaines de mes collègues AFS. 

L'experte.
Lorsque tous les éléments furent disposées, les gens s'installèrent tranquillement à leur poste. Une Allemande qui avait déjà cuisiné un pongal lors du vrai festival en janvier m'a expliqué comment on procédait. Elle vit avec une famille indienne et elle parle et comprend mieux le Tamil que le Malais. Pour cuisiner le riz, la démarche est simple. Nous allumons tout d'abord un petit feu à l'aide du bois et des allumettes qui nous sommes fournis et nous installons le pot d'argile sur le dessus des briques. Ensuite, nous vidons le contenu de notre sac de lait dans le pot et ajoutons un peu d'eau. Puis, on attend que ça bouille. Ça va faire des bulles et se mettre à monter. À ce moment là, nous transvidons un sachet contenant un mélange de riz et de noix dans le pot. Nous brassons par moment, mais laissons le liquide déborder sans paniquer. Nous savons que le riz est prêt lorsqu'il devient mou, et que la crème s'épaissit. Et j'oubliais, lors du processus, nous devons enlever nos sandales et être pieds-nus, car c'est une sorte de prière à un dieu. C'est aussi comme ça lorsque nous entrons dans un temple.


Ça bouille et ça déborde: c'est bon signe.

Mon premier pongal en voie de réussite!

Je ne sais pas si vous avez remarqué dans la dernière photo, mais il y avait beaucoup de boucane. Disons que faire 1021 feux dans un rayon de 100m a ses conséquences. Ça devenait très irritant pour les yeux, et c'était assez pénible par moment!

La boucane!

Assez fière du résultat.

Lorsque nous avons terminé, nous nous sommes éloignés des feux et avons dégusté notre riz avec les autres étudiants, en faisant goûter notre cuisine aux autres et essayer de leur convaincre que le nôtre goûtait meilleur. Ensuite, comme les pots étaient recouvert de noir par le feu, une guerre de «tachage» s'est entamée! J'ai presque été épargnée, mais je me suis forcée à me faire une moustache car ils voulaient prendre une photo de groupe et je me trouvais nulle d'être la seule avec rien sur la face... Je n'ai malheureusement pas trouvé la photo nulle part.

Parce que c'est toujours beau une photo avec des enfants indiens :')

Une jeune fille qui voulait une photo avec moi.


Lorsque le festival s'est terminé, nous nous sommes ré-séparés dans nos familles d'accueil temporaires respectives. Nous étions brûlés, dans les deux sens du terme, mais ravis. Le soir, j'ai tenté de socialiser un peu, mais les deux Belges avaient une grosse discussion sur la musique et les festivals, sujet auquel j'accorde trop peu d'intérêt pour intervenir, alors j'ai écouté mes yeux qui se fermaient tous seuls et je suis allée me coucher, à seulement 11h. Le lendemain, c'était le retour au bercail. Nous étions encore une fois très triste de devoir se redire au revoir, car nous passons tellement du bon temps lorsque nous sommes entre exchange students! Tous ces gens sont fantastiques, et on se sent tout de suite à l'aise entre nous.

J'ai donc profité du deux heures vingt de train nous menant à Kuala Lumpur pour piquer une dernière jasette avec des confrères AFS. Ensuite, j'ai pris un autre train jusqu'à Kajang, attrapé un taxi qui m'a mené à mon club de badminton, puis participé à mon entraînement. La fin de semaine s'est finie comme elle s'était commencée, mais avec un milieu assez loin de la routine!

J'ai adoré participer à ce festival indien, et celui-ci se rajoute aux raisons pour lesquelles je ne changerais mon choix de pays d'accueil pour rien au monde! C'était farfelu, la Malaisie, mais ça en vaut le coup.

Niveau plus actualité, je pars après-demain (vendredi, 14 mars) pour un village près de Cameron Highlands, afin de vivre mon Short-Term Exchange. Je vivrai pendant deux semaines dans la jungle avec des aborigènes, orang asli, où j'aurai la chance d'expérimenter un mode de vie un peu plus rustique! Je ne serai donc pas très active sur mon blog et sur les réseaux sociaux pendant cette période comme je doute fort de la présence d'un Wifi dans ce village. Mon voyage à Kelantan et mon bilan du huitième mois seront donc publiés plus tard. Ça ne fera pas vraiment changement, ce n'est pas comme s'il m'arrivait bien souvent d'être à jour...


À la prochaine,

Alice


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